Armel Tripon devra « choisir entre Guinness et tapas ! »

Lundi 2 mai 2016
Météo complexe sur la Transat Anglaise
Armel Tripon devra « choisir entre Guinness et tapas ! »
C’est le grand jour à Plymouth : la flotte de la Transat Bakerly – la mythique Transat Anglaise – s’est élancée à 14h30 heure locale (15h30 en France) pour plus de 3000 milles à travers l’Atlantique Nord, destination New York. A bord de « Black Pepper/Les Ptits doudous par Moulin Roty », Armel Tripon a pris un bon départ, en premier rideau. Tôt ce matin, avant de prendre la mer, il nous avait expliqué s’attendre à une course dure et à une météo compliquée…
Armel, dans quel état d’esprit es-tu en ce jour de départ ?
« C’est le grand jour tant attendu, les derniers moments avant le départ… J’ai un peu la boule au ventre – c’est normal, elle disparaitra dès le départ – et je suis très concentré, à fond sur l’étude de la météo pour analyser le mieux possible ce qui nous attend. D’autant que la situation est assez inhabituelle et très compliquée. Cette étude de la météo juste avant le départ est très importante car nous n’avons pas droit au routage extérieur et il faut bien comprendre tout ce qui peut se passer, sachant que j’ai à bord de quoi recevoir des fichiers de vent et des cartes satellites pour réactualiser en mer. Il y a aura vraisemblablement un choix crucial à faire dès les premières heures de course. »
Justement, on sait que cette Transat Anglaise – à travers l’Atlantique Nord et contre les vents dominants – peut s’avérer très difficile, très engagée.
Que prévoit la météo ?
« La météo prévoit une dépression assez creuse qui arrive sur la flotte pendant les premières 48 heures de course. On parle d’une hauteur de vagues pouvant atteindre six mètres et des rafales à 50 nœuds. Il y a donc cette première dépression à négocier… et derrière il y en aura d’autres ! Sur le départ proprement dit, à 14h30 locales donc 15h30 pour vous en France, on va s’élancer derrière un front peu actif dans des vents d’une quinzaine de noeuds de nord-ouest (confirmé au moment du départ, ndr). Dans un premier temps on est sous l’influence de l’anticyclone donc c’est du petit temps pendant 24 heures mais le problème est d’anticiper ce qui se trame après le passage de la première dépression, à l’échéance de 6 ou 7 jours de course. Pour schématiser, il faut soit aller chercher la dépression, soit passer sous l’anticyclone en allant chercher un point qui peut se trouver assez proche du cap Finisterre, la pointe nord-ouest de l’Espagne. C’est ce que disent les routages théoriques que j’ai fait tourner tôt ce matin »
Vers l’Irlande ou vers l’Espagne ? C’est effectivement inhabituel ! Cela veut dire un choix stratégique dès le départ et sur lequel on ne pourra pas revenir ?
The Transat Bakerly yacht race. The solo transatlantic race starts from Plymouth UK on Monday 2nd - New York. USA. Image licensed to Lloyd Images

The Transat Bakerly yacht race. The solo transatlantic race starts from Plymouth UK on Monday 2nd – New York. USA.
Image licensed to Lloyd Images

« Exactement ! Il y a un choix stratégique à faire dès le début : soit faire du gain vers l’Ouest proche de la route directe pour aller chercher cette dépression tout de suite, soit faire du gain vers le Sud pour passer sous l’anticyclone, en faisant bien attention à ne pas rentrer dans la bordure de cet anticyclone, au risque d’être freiné. Personnellement, ça ne me dérange pas d’aller dans la baston, dans le gros temps, si ça se justifie du point de vue de la course… mais là le problème est que derrière la première grosse dépression, une énorme dorsale anticyclonique de vents faibles barre la route. On peut très bien se retrouver coincé en Irlande et ne pas pouvoir redescendre alors qu’on a une porte des glaces à respecter par 40° Nord. Et la météo évolue en permanence : hier encore les simulations étaient favorables à cette route Nord, aujourd’hui ce n’est plus vraiment le cas… »

Une éventuelle option Sud rallongerait considérablement la route ?

« Pas tant que ça compte tenu de la porte des glaces qui est positionnée finalement très Sud. Et puis, avant de penser au résultat, il faut d’abord réussir à traverser l’Atlantique et arriver de l’autre côté. Là, on doit choisir entre l’Irlande et l’Espagne, entre la musique celtique et le Flamenco, entre la Guinness et les tapas (rires) ! A quelques heures du départ – et contrairement à hier – aujourd’hui je serais plus tenté par les tapas ! Si c’est le cas, il ne faut pas s’attendre à voir les bateaux du Sud mettre le cap vers l’Ouest avant mardi soir, voire mercredi. Mais quelle que soit la route choisie on sait que de toutes façons on devra affronter des conditions difficiles, des vents puissants, des mers formées… »
On pourrait donc éventuellement voir deux flottes très différentes se dessiner, l’une au Nord et l’autre au Sud ? Une flotte irlandaise et une flotte espagnole, pour reprendre ton image ?
« C’est possible en effet ! Ce sera intéressant et il faudra prendre les classements de la première semaine de course avec des pincettes, car si c’est le cas, il y aura un écart latéral énorme entre les bateaux du Nord et les bateaux du Sud. Nous verrons bien… en tout cas j’ai hâte d’y être et de tenter de jouer les tous premiers rôles à bord de ce beau Class40 qu’est Black Pepper/Les Ptits doudous par Moulin Roty (*). Il va y avoir du jeu stratégique à mon avis très intéressant…»
(*) A 17h ce lundi après-midi, soit une heure et demie après le départ, Black
Pepper/Les Ptits doudous par Moulin Roty était bien parti, en quatrième position des
Class40.
Plus d’infos sur la société Black Pepper ici : www.blackpepper.fr
Contact skipper :
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