Aux Canaries, « c’est nickel ! » pour Armel Tripon

Tout va pour le mieux à bord de RÉAUTÉ CHOCOLAT ! Armel Tripon navigue maintenant au large de l’archipel des Canaries et tous les voyants sont au vert pour reprendre une vie normale et glisser sous gennaker dans les prémices des alizés. Il est trop tôt pour savoir si la route Sud sera payante au final mais, sur cette trajectoire, c’est un sans-faute pour l’instant.

RÉAUTÉ CHOCOLAT navigue ce matin une centaine de milles dans l’ouest des Canaries. Il vient de reprendre la 2eplace au pointage et de doubler la tête de flotte sudiste des monocoques du Vendée Globe. Armel Tripon est passé devant les bateaux de Yann Eliès, Vincent Riou et Paul Meilhat et est parfaitement reposé pour jouer à fond sa carte de la route sud, dans des conditions qui deviennent idéales, les premiers alizés. Nous l’avons joint au téléphone et le moins qu’on puisse dire est que le moral est au beau fixe…

Armel, comment vas-tu ce matin au grand large des Canaries ?

« C’est nickel ! Je suis sous gennaker, petit déjeuner en terrasse et j’ai totalement changé d’univers : il fait 20 degrés, c’est encore un peu gris, sur une longue houle agréable venant du nord qui permet au bateau de surfer quand je suis bâbord amures. C’est super agréable. Et c’est rigolo, je suis à la bagarre avec les IMOCA de Paul Meilhat et Vincent Riou, qui sont derrière moi maintenant. »

C’est le début des alizés ?

« Disons que ça y ressemble : j’ai 21 nœuds de vent en ce moment et je suis passé en mode régate à jouer avec les premiers grains, ce qui donne pas mal de manœuvres pour jongler avec les adonnantes et refusantes. Il faut jouer avec les oscillations du vent, les petites bascules, les nuages. J’ai enchaîné quatre empannages ce matin. Je pense qu’il faut encore se décaler un peu plus au sud pour récupérer de la pression, mais c’est vraiment agréable de naviguer vite comme ça dans de très bonnes conditions. Le bateau file sans effort à 20, parfois 25 nœuds. C’est un multi, il faut rester concentré évidemment, mais c’est jouissif. »

Physiquement, la course a été archi exigeante jusqu’ici. Tu as pu récupérer un peu ?

« Et bien je ne devrais peut-être pas dire ça… mais j’ai fait une nuit de malade ! J’ai dû engranger cinq heures de sommeil au total ! Et ça c’est excellent aussi parce que du coup je suis parfaitement d’attaque pour cette nouvelle course qui commence entre les copains du nord et moi. Rien n’est fait bien sûr, mais je suis toujours très content de ma position et de mon bateau. »

 Est-ce que c’est un problème de ne pas avoir d’adversaire direct dans ta zone de course, un autre Multi50 qui créerait de l’émulation ? 

« Non, ce n’est pas vraiment un problème car même si ça peut être excitant de faire une belle régate contre un adversaire proche, j’ai quand même les polaires, c’est-à-dire les vitesses théoriques du bateau selon les angles et la force du vent. Donc je me bats contre ces polaires pour être le plus rapide et efficace possible, un peu comme fait un chasseur de records. C’est un autre exercice que de la régate au contact, mais c’est très motivant aussi. Je ne sais pas ce que vont faire les autres évidemment, mais soit le grand duel nord/sud avec eux va continuer comme ça, soit ils devront descendre eux aussi mais y laisser probablement du terrain. J’ai déjà fait un duel route nord/route sud comme ça en Figaro, sur une transat en solitaire. C’était contre Nicolas Troussel à l’époque mais les positions étaient inversées :  j’en bavais sur la route nord, pendant que lui glissait sur la route sud. J’avais mené longtemps la course aux pointages officiels mais au final c’est Nico qui avait gagné… Sauf que cette fois, c’est moi qui suis dans le sud ! Mais évidemment la comparaison s’arrête là : les situations sont différentes, ce ne sont pas du tout les mêmes bateaux ni exactement la même météo. Absolument rien n’est fait et je ne tire surtout pas de plans sur la comète, je me concentre à naviguer le mieux possible, c’est tout ce que j’ai à faire ! »

On te sent très serein, voire joyeux. Il n’y a donc aucun problème à bord de RÉAUTÉ CHOCOLAT ?

« Si, comme je l’expliquais hier, le gros pépin c’est le manque de musique ! L’appareil sur lequel j’avais ma playlist a pris l’eau et donc maintenant c’est bateau sans musique. Jusque-là avec les grosses conditions qu’on a eues, ce n’était pas un problème, car pas trop possible d’en écouter… Mais là ce matin, pour le petit déjeuner en terrasse il me manque franchement quelque chose ! Je ne sais pas si je vais chanter uniquement du Gérard Lenorman jusqu’en Guadeloupe. Je vais peut-être essayer de trouver autre chose quand même. »