Armel Tripon : « Une météo tonique ! »

A trois jours du grand départ de la Route du Rhum-Destination Guadeloupe, Armel Tripon nous explique les grandes lignes d’une météo encore instable, et donc à prendre avec les précautions qui s’imposent. Une chose est sûre : la mer sera forte dans le Golfe de Gascogne, avec peut-être des creux de 5 à 6 mètres. Les trois premiers jours de course seront engagés et l’épisode le plus fort devrait intervenir dans la nuit de lundi à mardi. Le skipper du Multi50 RÉAUTÉ CHOCOLAT reste pourtant très serein, avec la sensation d’être parfaitement préparé à affronter le gros temps.

 

Armel, à trois jours du départ, est-ce que les modèles météo sont enfin stables et permettent une prévision fiable ?

« Non ! Entre hier soir (mercredi) et ce jeudi matin, ils ont encore beaucoup évolué. Il va falloir actualiser en permanence, jusqu’au dernier moment, pour avoir une idée plus précise. Autrement dit, tout ce que je peux dire sur la météo aujourd’hui est à prendre avec des pincettes et risque d’être remis en cause quelques heures plus tard. Ce qui est à peu près certain c’est que la mer sera forte et qu’il y aura sans doute quelques heures très musclées dans la nuit de lundi à mardi, quelques heures dans du vent fort de sud-ouest et une mer grosse qu’il faudra gérer au mieux. »

Tout dépend de l’évolution d’une dépression secondaire qu’on a encore du mal à bien « lire » ?

« Exactement. De sa vitesse et de sa trajectoire dépendront pas mal de choses sur la force et l’orientation du vent. La seule vraie certitude est que la mer sera forte, avec 5 à 6 mètres de creux. Mais en même temps les phénomènes passent assez vite. Sans trop s’avancer on peut dire que les trois premiers jours de course seront les plus engagés, mais avec un peu de chance en trois jours nous serons déjà aux Açores et on sera donc tiré d’affaire. »

Même s’il est sujet à évolution, peut-on essayer de préciser le déroulé ?

« La première nuit de course sera plutôt sympa : elle permettra de sortir de la Manche dans de bonnes conditions. Le vent va rentrer gentiment en fin de journée, puis forcir en milieu de nuit. Le plus délicat sur ce qu’on voit aujourd’hui ça pourrait être de 18h à minuit dans la nuit de lundi à mardi. Mercredi on sera passé, voire dès mardi après-midi, même si évidemment il restera de la mer. »

Le départ de dimanche en lui-même ne pose pas trop de souci, dans du vent de sud ?

« A priori ça devrait aller. On sortirait de la Manche assez rapidement au reaching (vent de travers) dans un vent d’une vingtaine de nœuds. En l’état actuel des prévisions, l’idée serait de mettre cap vers l’ouest, pour pouvoir potentiellement contourner le plus fort de la dépression par le nord. Ensuite, il faudra bien descendre vers le sud pour aller chercher la deuxième dépression qui arrive avec des conditions assez fortes, a priori 35 à 40 nœuds de vent et une mer très formée dans le Golfe de Gascogne. On a du boulot avec ma cellule de routage pour trouver le meilleur moment, la meilleure trajectoire. Le gain dans le sud est à priori intéressant car plus tu es sud et moins tu as de vent et de mer. Mais encore une fois les phénomènes passeront vite pour nous, à nos vitesses de bateaux. Il faut passer les trois premiers jours sans encombre, sans casser de matériel, et après ce sera plus tranquille avec d’autres problématiques, comme trouver la meilleure façon de rejoindre les alizés qui sont pour l’instant complètement cassés. »

C’est une entrée en matière musclée pour ta vingtième transatlantique !

« Oui, c’est une météo tonique…  le Rhum en somme ! Au mois de novembre dans ce sens-là on ne peut pas trop prétendre à des conditions tranquilles !  Je me sens toujours très zen, j’ai la sensation d’être parfaitement préparé, d’avoir tout fait pour que les choses se passent le mieux possible. Je garde le maximum d’énergie en essayant de m’isoler. Je coupe mon téléphone, car les sollicitations sont incessantes ici à Saint-Malo. Je ne peux pas faire un pas sur le bateau ou les pontons sans être demandé, il y a un monde fou je n’ai jamais vu ça… et encore je n’ai pas la célébrité d’un Thomas Coville, par exemple ! C’est incroyable cet engouement. On sent bien qu’on est au cœur d’un très grand événement. »

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