Armel Tripon 3è de la Jacques Vabre : « c’est extraordinaire ! »

C’est fait ! Armel Tripon et Vincent Barnaud ont franchi la ligne d’arrivée de la Transat Jacques Vabre à 9H 19 min et 22 sec en heure française ce vendredi 17 novembre à Salvador de Bahia (Brésil) après 11 jours 19 heures 44 minutes et 22 secondes passées en mer. Ils ont parcouru 4 728 milles à la moyenne de 16,66 nœuds. C’est une grande première transatlantique pour RÉAUTÉ CHOCOLAT, quelques mois seulement après son arrivée dans la classe Multi50. Les objectifs ne sont pas seulement atteints, ils sont largement dépassés. Bravo !

 

Podium ! Contrat plus que rempli pour Armel Tripon et Vincent Barnaud qui viennent de conquérir la troisième place de la Transat Jacques Vabre à Salvador de Bahia, au Brésil, en moins de douze jours à grande vitesse à travers l’Atlantique. Les deux navigateurs basés à la Trinité-sur-mer, respectivement skipper et boat captain du Multi50 RÉAUTÉ CHOCOLAT, se sont entendus à merveille pour signer cette performance au terme d’une course magnifique, excessivement dure lors de sa première semaine, avec deux tempêtes successives à affronter. Armel voulait « d’abord terminer, c’est l’objectif numéro un » disait-il avant la course. C’est fait… et le podium en prime est une superbe cerise sur le gâteau (au chocolat, évidemment) pour ces deux marins qui ne font que débuter en multicoques et dans cette catégorie si excitante des Multi50. Interview de marins heureux !

 

Armel, bravo ! Quelles pensées as-tu en tête en ce moment, juste après avoir franchi cette ligne d’arrivée qui était le grand objectif de cette première saison en Multi50 à bord de RÉAUTÉ CHOCOLAT ?

« C’est extraordinaire, on a le sentiment du travail bien fait ! C’est une très belle satisfaction pour toute l’équipe, pour le projet, pour toutes celles et ceux qui nous soutiennent. Si on reprend l’histoire depuis le début, l’aventure est toute récente mais déjà très belle : on met le bateau à l’eau au mois d’avril, on gagne deux courses sur quatre et on termine la saison avec un podium sur la Transat Jacques Vabre… on ne peut qu’être très très contents ! En plus c’est notre première transat avec le bateau, c’est une première pour moi en multicoque, une première pour Vincent aussi, une première toujours pour mon partenaire RÉAUTÉ CHOCOLAT, une première avec l’aide d’un routeur (Christian Dumard). On termine, on arrive de l’autre côté et il y a en plus le podium au bout… que demander de plus ? C’est du bonheur ! »

« Une grosse cavalcade à travers l’Atlantique »

Et en plus de cette grande joie, que retiendras-tu de cette course ?

« Que c’est ma 19e transatlantique et je n’étais jamais allé aussi vite ! Traverser l’Atlantique en moins de 12 jours à la voile, c’est juste fabuleux ! Il y a quelques heures encore on se faisait des pointes à plus de 30 nœuds… C’était juste une grosse cavalcade à travers l’Atlantique ! Je crois que pour la Classe aussi c’est inouï, on montre que les Multi50 sont des bateaux extraordinaires. En termes d’engagement, c’est peut-être la course la plus intense que j’aie jamais faite, encore que la Route du Rhum en IMOCA (4e) n’était pas mal non plus de ce point de vue-là.

Quels ont été les moments forts pour toi ?

« Honnêtement, la première nuit a été très stressante : le début de course était engagé et au stress du départ s’ajoutaient une mer cabossée, des grains avec plus de 30 nœuds de vent, le passage délicat du raz Blanchard… avec l’appréhension de partir un peu dans l’inconnu, c’était un décor un peu inquiétant tout ça, tout de même. Et il y a eu le passage du front la deuxième nuit, où on décide de jouer la sécurité, mais où on se rend compte aussi qu’on ne passe pas si mal que ça dans la mer. Toute la descente de l’Atlantique, le rythme a été dingue. C’est fabuleux d’enchaîner les 400, 450 milles par jour, de voir les archipels qui défilent ! Il y a eu de grands moments de bonheur dans les surfs… et du stress aussi, je ne le cache pas : quand on apprend que Drekan qui n’était pas bien loin derrière nous, chavire quelques instants après qu’avec Vincent on avait décidé de réduire la toile, ça met un coup, ça rappelle à l’ordre. »

Et puis il y a cette ligne d’arrivée, dans un endroit chargé d’émotion pour toi…

« Je n’étais pas revenu ici depuis la Mini Transat 2003 ! A l’époque, je découvrais que j’avais gagné, on n’avait pas de moyen de communication et c’est un journaliste à l’avant d’une vedette qui me l’avait crié : ‘T’as gagné ! T’as gagné !’ C’est un souvenir dingue. Aujourd’hui, cette arrivée et ce podium ont vraiment une saveur particulière pour moi et c’est sympa comme clin d’œil puisque c’est ici que tout a commencé dans ma vie de coureur au large, voilà quatorze ans. Je ne pensais pas revenir comme ça un jour d’aussi belle manière, à la barre d’un beau Multi 50… »

Un mot sur les deux duos qui précèdent RÉAUTÉ CHOCOLAT sur le podium ?

« Lalou et Alex ont fait une transat magistrale, avec une manière de mener le bateau extraordinaire. Après on n’avait ni le même vécu ni les mêmes objectifs qu’eux et je n’aurais jamais attaqué de cette manière… mais on va progresser et dans deux ans, ce sera différent (rires) ! Ils ont fait une super belle trajectoire, il faut saluer aussi Karine Fauconnier qui les route à terre et a fait un super boulot. Erwan et Vincent eux aussi ont très bien navigué, ils ont manqué de réussite au niveau du Pot au noir, mais bravo aussi à eux. Bien sûr on avait l’envie de jouer avec eux ou d’essayer d’être plus proches… mais c’est bien aussi, ça nous permet de mesurer la progression qu’il y a à faire pour arriver à leur niveau de jeu sur ce genre d’exercice. Le tout ouvre de belles perspectives pour la Route du Rhum, à laquelle on a beaucoup réfléchi pendant la traversée avec Vincent. »

Et le bateau arrive au Brésil en excellent état…

« Ah oui ça aussi c’est un point extrêmement positif : on n’a rien cassé, rien ! S’il faut vraiment trouver quelque chose, ce serait des billes du chariot de grand-voile à changer… et c’est tout ! Le bateau pourrait repartir en course dans l’autre sens dès demain s’il le fallait. C’est plutôt rare après une course aussi engagée. Et ça veut dire que les préparateurs ont fait un boulot remarquable… il faut leur rendre hommage aussi ! »

Quel est le programme brésilien à terre pour vous deux maintenant ?

« On va retrouver un peu de monde, je crois : notre partenaire, une partie de l’équipe, les autres concurrents… Je pense qu’on va s’autoriser quelques caïpirinhas et faire un peu la fête pour évacuer tout ce stress accumulé ! Parce que mine de rien, ce sont des bateaux avec un niveau d’engagement que je n’avais pas connu jusque-là. On peut naviguer ‘safe’ avec un Multi50, mais quand il faut attaquer c’est forcément parfois sur le fil et il faut vraiment bien doser ce curseur. Bref, on va profiter deux ou trois jours je pense… »

 

Vincent Barnaud : « envie de remercier tout le monde ! »

« Sans même parler du classement, cette arrivée c’est une sensation inimaginable. Voilà quatre ans j’étais le préparateur d’Yves Le Blévec… et je ne réalise toujours pas que là c’est moi à bord ! J’ai envie de remercier tout le monde, Armel d’abord qui m’a fait confiance, le sponsor RÉAUTÉ CHOCOLAT, toute l’équipe… franchement c’est un plaisir total ! Traverser l’Atlantique comme ça, c’est quelque chose. Après, c’est engagé, ce ne sont pas les bateaux les plus confortables et il y a parfois de grosses montées d’adrénaline. Avec Armel, on aurait forcément aimé taquiner un peu plus les deux de devant, mais ils ont aussi beaucoup plus d’expérience que nous et il n’y a pas de regrets à avoir. Ce podium, il fait plaisir ! Armel et moi on a réussi je pense à naviguer comme on sait faire, sans nous prendre pour d’autres que nous ne sommes pas, en plaçant les curseurs au bon endroit, je pense. Le bateau arrive en super état et pour le technicien que je suis, grâce au travail de toute l’équipe, c’est une très belle satisfaction aussi. Un de mes atouts avant le départ était aussi d’être le monsieur bricolage du bord… de ce point de vue-là j’espère qu’Armel ne va pas être trop déçu : on n’a pas sorti une seule fois la caisse à outils ! Pas une seule fois ! »

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