L’Occitane en Provence entre dans l’océan Indien à 20 nœuds / Armel Tripon tente de passer devant une dépression

Nouvelle étape importante pour Armel Tripon : après 28 jours de mer le skipper de L’Occitane en Provence a fait son entrée dans l’océan Indien en franchissant la longitude du Cap des Aiguilles cette nuit, quelques heures après avoir doublé le Cap de Bonne Espérance. Faible hier, le vent de nord est revenu et Armel Tripon, désormais 14e du Vendée Globe, est passé devant Alan Roura à grande vitesse : 20 nœuds. Aller vite est important pour passer devant une dépression qui « descend » de Port Elizabeth.

 

Beaucoup de symboles au menu d’Armel Tripon qui a franchi le cap de Bonne Espérance à 17h48 hier dimanche 6 décembre puis – quelques heures plus tard, à 2 heures du matin aujourd’hui lundi  – le Cap des Aiguilles. Si Bonne Espérance est le premier des trois grands caps mythiques du Vendée Globe (avant le Cap Leeuwin en Australie et le Cap Horn à la pointe de l’Amérique du Sud), c’est bien ce Cap des Aiguilles, par 20 degrés de longitude est, qui marque officiellement la fin de l’Atlantique sud et l’entrée dans l’océan Indien, ce désert liquide et glacé où Armel Tripon navigue pour la première fois.

 

L’ambiance change radicalement : brume, froid, vent

Le skipper nantais n’a pas perdu son humour dans la journée calme d’hier, où le petit groupe de quatre bateaux que forme L’Occitane en Provence avec les IMOCA d’Alan Roura, Stéphane Le Diraison et Arnaud Boissières était copieusement ralenti dans une zone sans vent.  Armel plaisante : « J’étais un peu dépité ; Disons que j’avais pris mon dimanche ; Depuis un mois que nous sommes partis, je n’ai pas eu un seul week-end et je voulais profiter de ma location vue sur mer !»  Heureusement le vent de secteur nord est revenu dans le courant de la nuit dernière et L’Occitane en Provence file ce matin à 20 nœuds de moyenne ! Armel Tripon a réussi à prendre la 14 ème place en passant devant Stéphane Le Diraison, puis Alan Roura. L’Occitane en Provence a ainsi réalisé un des meilleurs chronos intermédiaires de la flotte entre l’équateur et Bonne Espérance, ce qui explique aussi cette remontée au classement.

 

« Je suis en mode sioux, à l’attaque dans l’Indien »

L’ambiance change radicalement dans ce désert maritime austral. « Hier on a dépassé une masse nuageuse dans un brouillard à couper au couteau. J’avais l’impression d’être à Terre-Neuve, de sentir les icebergs pas loin. A tel point que j’avais l’impression d’en distinguer dans la brume, même s’il n’y en avait pas. C’était assez irréel, ambiance Titanic. On sait que les icebergs ne sont pas très loin, c’est pour cette raison aussi que la ZEA (zone des glaces) a été remontée par la direction de course. »

Hier Armel a aussi pu apercevoir le bateau d’Alan Roura, à environ 5 milles de L’Occitane en Provence : « on a eu une petite conversation à la VHF avec Alan, comme je l’avais fait avec Stéphane (Le Diraison) 24 heures avant. C’était sympa : on a partagé nos petites galères, nos joies et nos peines, on a échangé nos impressions. » Le tout sur fond de températures glaciales et de nuits très, très courtes. « Le jour se lève à 3 heures du matin après s’être couché à 22 heures, ça fait vraiment bizarre, c’est un autre monde ! Je vois plein d’oiseaux, les albatros qui reviennent avec le vent car ils en ont besoin pour planer. Là, on navigue vite de nouveau depuis quelques heures : je suis à 20 nœuds de moyenne, avec un ris dans la grand-voile et ça cavale bien. Je suis en mode sioux, à l’attaque dans l’Indien ! »

 

Objectif : passer devant la dépression

L’objectif d’Armel Tripon est de naviguer tout droit le plus vite possible pour se glisser devant une dépression assez creuse qui descend de Port Elizabeth (Afrique du Sud). « Je ne change pas ma route pour elle » annonce Armel Tripon, « car j’estime que je suis assez rapide pour passer devant cette dépression. Au pire, si je devais être un peu ralenti car il y a peu de marge, je devrai éventuellement subir quelques heures dans 25 nœuds de vent au près mais pas plus. Et la situation a l’air assez stable… donc pour moi c’est largement maniable : je fais la route. »

Armel Tripon témoigne encore : « On est en mer depuis un mois, on navigue par 45 degrés sud, on rentre dans le temps long du Vendée Globe. Jusque-là je connaissais l’ambiance, mais pas ici. Il y a des couleurs et des lumières incroyables, une petite mer croisée qui tape un peu mais permet encore d’aller vite… C’est joli mais je suis surtout concentré sur ma course : je m’applique pour aller vite, passer devant cette dépression et essayer de profiter d’une belle situation, avec ce flux de vent de nord qui m’accompagne. »

 

Aquarelle : Alice Van de Walle

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