« En Ocean Fifty, nous pourrions mettre 10 jours et donc battre le record du Rhum »

Reporté pour la première fois de l’histoire à cause d’une mer trop dangereuse, le départ de la Route du Rhum – Destination Guadeloupe va finalement être donné ce mercredi 9 novembre à 14h15, à Saint-Malo. Armel Tripon, skipper du trimaran Les P’tits Doudous, est confiant. Et il annonce que la traversée de l’Atlantique jusqu’à Pointe-à-Pitre pourrait prendre 10 jours, alors que le record en Ocean Fifty est de 11 jours, 5 heures et 13 minutes.

 

Armel, comment as-tu occupé ces trois jours imprévus en attendant le départ de la Route du Rhum – Destination Guadeloupe, reporté pour la première fois depuis la création de l’épreuve ?

« J’en ai profité pour engranger encore un peu plus de sommeil ! Et c’était nécessaire, car mine de rien, j’avais accumulé pas mal de tension la semaine dernière entre les sollicitations médiatiques nombreuses, les briefings, le fait de ne pas savoir si on allait partir dans le très gros temps ou pas, etc. La preuve qu’il y en avait besoin c’est que j’ai dormi 10 heures dans la nuit de dimanche à lundi ! Bref, je suis resté à Saint-Malo et je me suis bien reposé. Dimanche, on a déjeuné avec Niji, un des grands partenaires du projet et c’était vraiment sympa. Et puis évidemment, on a bossé à fond les différents scénarii météo avec la cellule de routage. »

 

Justement, à quoi s’attendre avec ce départ mercredi à 14h15 ? Le schéma météo est très différent, non ?

«  Pour la sortie de Manche, ce sera à peu près les mêmes conditions, avec entre 15 et 20 virements de bords à faire dans du vent de face de secteur ouest qui soufflera entre 15 et 20 nœuds. Puis se posera très vite la question de bien se positionner pour aller chercher le front dans l’ouest. Celui-ci est moins actif que celui qu’on a évité dimanche mais il est très étendu en axe nord-sud. Nous n’avons pas d’autre choix que de le traverser, pour aller chercher la bascule du vent derrière et ensuite mettre le cap vers le sud. La mer s’est bien calmée : on aura entre trois et quatre mètres, maximum et pas six à huit mètres comme cela aurait été le cas si nous étions partis dimanche. Le moment où nous pourrons mettre du sud dans notre route n’est pas encore très clair, car il y a un deuxième front derrière le premier et aujourd’hui ce moment est encore difficile à prévoir. Il faudra actualiser la météo en sortie de Manche, quand on naviguera en mer d’Iroise. Pour le moment c’est impossible de donner un timing précis au cap Finisterre. Ce qui est sûr, c’est que le golfe de Gascogne sera bien moins dangereux que si nous étions partis dimanche. Cela n’a rien à voir, on retrouve des conditions maniables. Du coup la régate va être belle. »

 

A la veille du grand départ, est ce qu’il y a moins d’appréhension que vendredi, quand on parlait encore d’éventuellement partir affronter des fronts successifs et une mer énorme ?

« Forcément ! Cette fois on sera en mode course, pas en mode survie, et ça change tout évidemment. D’un point de vue sportif, ça confirme que c’était une bonne décision de reporter le départ. Place au sport ! »

 

En combien de jours un Ocean Fifty comme Les P’tits Doudous pourrait-il atteindre l’arrivée à Pointe-à-Pitre ?

« Je pense qu’on peut mettre autour de 10 jours. Sachant que le record établi par Erwan Le Roux en 2014 est de 11 jours et 5 heures, je pense que nous pouvons l’améliorer. Ce sera une course rapide et ce serait pas mal d’améliorer ce record-là. (NDR : En 2018 Armel Tripon avait gagné la Route du Rhum à bord de Réauté Chocolat en 11 jours et 7 heures, mais le record est bien détenu par Erwan Le Roux depuis 2014 en 11 jours, 5 heures, 13 minutes et 55 secondes) »

 

Ton bateau est moins protégé que ceux de tes concurrents. Cela va-t-il t’imposer une manière différente de naviguer ?

« De naviguer, non. Mais pour gérer mon repos et ma récupération, ça oui il faut que j’en tienne compte parce que je suis plus exposé donc plus soumis au vent, aux vagues et aux embruns. On a fait quelques aménagements pour corriger ça comme rallonger la casquette et optimiser l’ergonomie pour pouvoir m’allonger au niveau du pont et y récupérer à l’abri et à proximité des écoutes.  Naviguer sur ce bateau là est plus fatiguant entre guillemets que sur d’autres, donc c’est surtout pour cela que je dois bien gérer ma récupération et mon sommeil. »

 

Dans quel état d’esprit es-tu à quelques heures du grand départ de cette 12e Route du Rhum-Destination Guadeloupe ?  

« J’ai le moral ! Passer d’un éventuel mode survie à un vrai mode course, c’est chouette. La course va être intéressante et sympa. Le report du départ me fait un peu penser au départ du Vendée Globe pendant le Covid pour le côté ambiance en petit comité. Le village est en train d’être démonté, il y aura beaucoup, beaucoup moins de spectateurs que si nous étions partis dimanche, évidemment. Cela donne une ambiance particulière, ici à Saint-Malo : on dirait qu’on part pour une petite régate entre copains, alors que c’est la Route du Rhum quand même ! (rires) »

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