En approche du Point Nemo, Armel Tripon poursuit sa remontada et pense que « tout est possible ! »

L’Occitane en Provence est de nouveau très rapide ce matin du 30 décembre, à 19 nœuds de moyenne. Après avoir doublé Romain Attanasio à qui il a ravi la 13e place voilà deux jours, Armel Tripon s’attaque désormais à la 12e, détenue par Clarisse Crémer. Surtout, le skipper nantais n’a jamais été aussi proche du peloton de tête et il devrait encore regagner du terrain d’ici le passage du cap Horn.
Armel Tripon est un des hommes les plus isolés du monde ce mercredi 30 novembre, environ 500 milles dans le sud-est du Point Nemo qui est considéré comme l’endroit de la planète le plus éloigné de toute civilisation. Mais l’anecdote géographique est bien moins importante pour le skipper de L’Occitane en Provence que les performances qu’il parvient à réaliser en plein océan Pacifique. Armel témoigne d’un moral au beau fixe, ce 30 décembre au matin.

« Le bateau surfe sans effort à 23 nœuds »

Il raconte : « Je suis sous grand-voile haute et J2, en plein Pacifique ! Le bateau surfe sans effort à 23 nœuds, je navigue à environ 19 nœuds de moyenne. Du coup, je réduis encore l’écart avec Clarisse (Crémer) et avec le peloton de tête. Maintenant, je vois tous les bateaux des avant-postes sur l’écran de mon ordinateur, ce qui n’était pas le cas auparavant. Ce genre de détail est très bon pour le moral ! »
Le petit souci de voile d’avant rencontré hier est déjà de l’histoire ancienne. Armel Tripon plaisante même sur les 19 places gagnées depuis le large du Portugal (!) … et peut-être 20 s’il parvient à doubler Banque Populaire. « Quand je naviguais en Figaro, il y avait un prix pour les plus belles remontées… J’espère que ça existe aussi sur le Vendée Globe ? (rires). »
Il faut se souvenir qu’avec le hook cassé en tout début de course, Armel Tripon était classé 32e de ce Vendée Globe… qui ne compte plus que 27 bateaux encore en course aujourd’hui. Surtout, il a accusé jusqu’à 2200 milles de retard sur le leader, après le passage de l’équateur. Or, ce même retard est inférieur à 860 milles ce matin ! Jamais L’Occitane en Provence n’a été aussi proche des meneurs.

« Nos routes convergent avec Clarisse, c’est sympa de revoir des concurrents »

Armel Tripon s’attaque désormais clairement à la position de Clarisse Crémer, qui ne navigue plus que 39 milles devant l’étrave ronde de L’Occitane en Provence. « Nos routes convergent avec Clarisse, peut-être que je la verrai, voire que je parlerai avec elle à la VHF. J’ai aperçu le bateau de Romain (Attanasio) il y a deux jours et j’ai tenté de l’appeler, mais nous n’avons pas réussi à nous joindre. C’est sympa en tous cas de revoir des concurrents, ça faisait très longtemps que ça ne m’était pas arrivé. Je n’en avais vu aucun pendant la traversée de l’océan Indien et aucun non plus depuis le début du Pacifique ! »
A part ça « il fait très froid. Quand il faut aller sur le pont, c’est glacial ». A peine 5 degrés dans l’air et dans l’eau… « Je sens bien le souffle glacial de l’Antarctique ! » raconte Armel.

Côté météo et stratégie, les conditions sont encore très bonnes et propices à la vitesse. « Jusqu’ici je ne peux pas me plaindre des mers australes, que je découvre pour la première fois : j’ai eu au maximum 40 nœuds de vent en rafales et 4 mètres de creux. Rien de dantesque comme on peut rencontrer souvent ici, ou comme vont affronter Yannick (Bestaven) et Charlie (Dalin) à leur passage du cap Horn. Pour moi, ça va rester très maniable : 20 à 25 nœuds de sud-sud-ouest. J’ai deux jours de reaching (vent de travers) au programme et cette allure devrait me permettre de me reposer pour attaquer la suite. Je pense que je serai au cap Horn dans 5 à 6 jours et je me dis que rien n’est joué encore ! Je peux encore revenir sur le groupe des chasseurs et tout est possible dans la remontée de l’Atlantique. Il y aura des coups à jouer, c’est certain. A moi de bien doser, de ménager le bateau quand il le faut, mais aussi d’appuyer quand il y a une occasion. »

Moins de 400 milles de retard sur le groupe de tête au cap Horn ?

Doser et saisir les occasions : c’est très exactement ce que fait Armel Tripon depuis… l’archipel du Cap Vert. Quand on regarde sa trajectoire, il a su saisir chaque opportunité dans le bon sens pour reprendre du terrain. Regagner près de 1400 milles et 19 places n’est pas un petit exploit.

Petit rappel : on a coutume de dire qu’il n’y a pas de perdants parmi tous les marins qui parviennent à terminer le Vendée Globe, du premier au dernier. Armel Tripon le sait. Mais il sait aussi que l’appétit vient en mangeant. « Pour la première fois j’ai fait un routage (calcul informatique) des progressions des autres bateaux, comparés au mien. Et je pense que j’aurai moins de 500 milles de retard sur le groupe de tête, peut-être même moins de 400, au passage du cap Horn. Donc regagner encore des places est envisageable, car ensuite il restera tout l’Atlantique et encore un mois de course. L’arrivée est encore très loin ! Il faudra être joueur et tenter des coups. En attendant je me rends compte que je suis seul en mer depuis 52 jours. C’est deux fois plus que mon précédent record qui était de 25 jours et je ne trouve toujours pas le temps long ! » Quand on vous dit que le moral est là…

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