« Me voilà dans le Pacifique… »

 » Voilà : il fait grand jour, grand gris, mais lumineux, un gris accueillant, presque chaud. J’ai tracé une droite qui part de la Tasmanie, vers le Sud, à 180° ! Une ligne imaginaire, une nouvelle ligne de départ. J’entre dans le Pacifique alors qu’à terre vous entrez dans votre nuit, j’attaque un nouveau monde, sans frontières, sans limite, si ce n’est géographique. Je n’ai vu personne au passage tiens ! Pas un cachalot, pas une baleine à bosse pour me saluer ou demander mes papiers ! L’océan n’a donc pas de frontières, l’Europe se rétrécit, se rabougrit, se renferme sur elle-même et moi je parcours le monde océanique libre comme le vent, je tourne autour du globe comme un derviche, la vitesse, le bruit, la musique, le bateau qui tape, qui tape, qui tape au rythme que je lui impose.

Ce pacte de confiance tient bon : certes il fuit, grince, gémit, suinte, mais encaisse, et même en redemande, à la limite du raisonnable, du pas raisonnable du tout même quelques fois. C’est un pur-sang, un andalou, fier et bravache qui en veut toujours plus. Alors quand c’est possible, je lui lâche la bride, lui donne du champ, il me regarde du coin de l’œil et part en ruade, me désarçonnant presque. Je change de mode, baisse la tête, serre les étriers, tend mon corps et surtout bouche mes oreilles, car ces cavalcades ont un prix ! Le monde du silence disparait, et le bruit est souvent anxiogène, alors mieux vaut ne pas l’entendre.

J’attaque le Pacifique, ça claque ! L’eau jaillit sur le pont, les derniers surfs disparaissent, à ma gauche la Nouvelle-Zélande, petit pays que je rêve de découvrir ; à ma droite l’Antarctique, immense continent que je rêve de voir de près et face à moi et loin, très loin, le CAP HORN ! Entre nous, un océan gigantesque et des petits bateaux sur l’eau que je rêve de doubler !  »

 

1 réponse
  1. Наталья
    Наталья dit :

    Depuis un bateau, un touriste tend les mains pour caresser l’une des baleines grises qui fréquentent la lagune de San Ignacio en nombre. Naguère craints par les pêcheurs, les cétacés sont devenus une importante source de revenus pour l’économie locale. Le soleil se lèvera dans une demi-heure, et l’océan est d’encre. Dans le bureau du capitaine, à Punta Abreojos, une dizaine de pêcheurs se détendent, tout au plaisir d’évoquer la sortie en mer de la nuit prochaine. Dans le hameau, situé au milieu de la péninsule mexicaine de Basse-Californie, l’atmosphère est à la fête : c’est l’ouverture de la pêche aux ormeaux. En fait, officiellement, la saison a commencé il y a quatre mois, en janvier. Mais, à Punta Abreojos, on s’impose un calendrier particulier. La communauté locale attend avril, quand les coquillages sont devenus plus lourds. Me voilà de sortie dans le Pacifique, avec trois pêcheurs quinquagénaires. « Cheval », à la barre, « Taupe », qui hisse les sacs d’ormeaux à bord, et « Poisson », le plongeur. Au village, personne ne les appelle par leur véritable nom.

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