Armel Tripon, à mi-parcours, de nouveau le plus rapide sur 24 heures : « et maintenant le Pacifique, ce n’est pas rien ! »

Armel Tripon en a fini avec la traversée de l’océan Indien. En passant à l’aplomb de la Tasmanie, L’Occitane en Provence fait son entrée dans le Pacifique, le plus grand océan de la planète. Et il commence cette grande traversée dans les cinquantièmes hurlants à toute vitesse : Armel Tripon est le plus rapide sur 24 heures, avec 453 milles couverts. Les prochaines grandes étapes s’appellent l’antiméridien (la ligne de changement de date), le point Nemo (le plus isolé de toute terre) et, bien sûr, le cap Horn…

 

C’est une traversée de l’océan Indien spectaculaire qu’a réussi Armel Tripon. Son option osée après l’Afrique du Sud, quand il s’agissait de s’échapper sous une méchante dépression, a été payante : le groupe d’Alan Roura, qui n’avait alors pas pu suivre la cadence infernale imposée par L’Occitane en Provence, navigue désormais plus de 1100 milles derrière Armel Tripon, soit 2000 kilomètres ! Voilà une preuve de plus que le scow dessiné par l’architecte Samuel Manuard et construit par le chantier Black Pepper est très rapide et que la stratégie adoptée par Armel était la bonne.

 

A fond dans les cinquantièmes hurlants, autour de l’Antarctique

Il y a maintenant deux flottes bien distinctes dans ce Vendée Globe 2020 : celle du Pacifique et celle de l’Indien. A force d’efforts et d’option météo bien senties, Armel Tripon a réussi à se maintenir dans la première, celle où l’on regarde déjà vers le lointain cap Horn. Celle aussi qui navigue non plus dans les quarantièmes rugissants, mais plus au sud encore : dans les cinquantièmes hurlants, à la limite de la zone des glaces. Si vous regardez un globe terrestre « par-dessous », vous verrez aussi que L’Occitane en Provence évolue au nord de la mythique Terre Adélie, célèbre contrée glacée du continent Antarctique. N’oublions jamais que le Vendée Globe c’est partir des Sables-d’Olonne, faire le tour de l’Antarctique et revenir.

 

Quelques chiffres à mi-parcours

Dans cette giration autour du gigantesque rond-point du pôle Sud, tous les signes sont positifs pour Armel Tripon ce matin : il a fait le break avec la flotte de l’Indien d’une part et d’autre part il n’a jamais été aussi proche (390 milles) de la 13e place qu’il rêve de prendre à Romain Attanasio. Si l’on revient un peu en arrière, il accusait 1200 milles de retard sur ce même bateau au passage de l’équateur. D’autre part, Armel Tripon n’a plus « que » 1500 milles de retard au leader, contre 2200 au large du Brésil. Cette année, la première flotte est très serrée mais il y a quatre ans de cela, 1500 milles derrière le premier cela voulait dire naviguer à la quatrième place du Vendée Globe !

Armel Tripon a aussi dépassé la mi-parcours, avec 51,2% de la route parcourue. Enfin, il est à nouveau le plus rapide de toute la flotte du Vendée Globe sur les dernières 24 heures : 453 milles couverts entre le pointage de 9 heures lundi et celui de 9 heures ce mardi. C’est 200 milles de plus que le leader Yannick Bestaven (qui entre dans une zone de vents faibles) et 110 milles de plus que le prochain bateau devant lui.

Pour résumer, jamais l’écart n’a été aussi faible avec les deux bateaux devant Armel Tripon et jamais l’écart n’a été aussi grand avec les bateaux derrière lui. Ce qui fait de lui le skipper le plus isolé des 27 marins solitaires qui restent en course à ce jour. Par ailleurs la situation météo offre, peut-être, une opportunité de revenir encore un peu plus au contact car Romain Attanasio et Clarisse Crémer ont annoncé qu’ils vont probablement devoir soit ralentir soit mettre du nord dans leur route pour éviter le plus gros d’une dépression. Ils devraient couvrir moins de milles sur la route directe… ce qui pourrait profiter à Armel Tripon même si lui aussi sera ralenti mais probablement plus tard qu’eux.

 

« Je suis à l’autre bout du monde et ma mobylette avance bien ! »

Nous verrons bien. En attendant, nous avons pu joindre Armel Tripon ce matin. La liaison était assez mauvaise, mais voici ce qu’il a réussi à nous transmettre et qui en dit long sur sa motivation et son excellent moral :

« J’attaque la traversée du Pacifique, ce n’est pas rien !  Je suis à l’autre bout du monde et ma mobylette avance bien ! Je suis à 18 nœuds. Je navigue devant une dépression qui me poursuit. Il y a près de 30 nœuds de vent et beaucoup de houle, ce n’est pas simple de trouver les bons réglages, mais je progresse bien. Je devrais être un peu ralenti par la suite, mais dans un premier temps je pense pouvoir revenir sur Romain (Attanasio) et Clarisse (Crémer). C’est un beau symbole d’entrer rapidement comme ça dans le plus grand océan du monde. Il fait froid mais sous la casquette dans le cockpit ça chauffe vite dès qu’il y a un peu de luminosité, alors je n’ai pas trop à me plaindre, même si c’est très humide. La situation météo est complexe pour tout le monde. La flotte est divisée en deux entre le Pacifique et l’Indien, moi j’ai réussi in extremis à accrocher le premier wagon et je suis bien content de cela. Il y aura d’autres opportunités de revenir, je pense. En tous cas j’y crois ! »

Ainsi va la vie dans les cinquantièmes rugissants, à deux jours d’un réveillon de Noël qui pourrait bien réserver quelques surprises au skipper de L’Occitane en Provence. La tradition du Vendée Globe veut en effet que l’équipe et la famille du skipper cachent quelques sacs spéciaux dans le bateau, mais chut… Encore un peu de patience avant de savoir si le Père Noël passe aussi dans les cinquantièmes hurlants. A l’autre bout du monde. Dans l’immensité d’un désert océanique qu’aucun humain ne fréquente jamais, à l’exception des skippers du Vendée Globe.

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