Armel Tripon a passé l’équateur et longe le Brésil « avant d’attaquer des mers que je ne connais pas »

Armel Tripon a franchi cette nuit du 23 au 24 novembre la latitude zéro : l’équateur. Il navigue désormais dans l’hémisphère sud. A bord de L’Occitane en Provence – remonté de la 32e à la 24e place du Vendée Globe depuis son avarie – il tente maintenant de revenir sur le groupe de quatre bateaux qui évoluent une centaine de milles dans son sud-est. Le vent devrait changer dans les 36 heures à venir et lui permettre d’accélérer le long des côtes brésiliennes.

Il fait chaud, très chaud à bord de L’Occitane en Provence, au moment où Armel Tripon vient d’entrer dans l’hémisphère sud. « A l’intérieur c’est une étuve. Alors je dors dehors, sur un pouf. Là ça va. Dans le cockpit c’est ventilé et il fait bon » témoigne le skipper nantais.

L’équateur a été franchi cette nuit « pendant mon sommeil ». C’est la quatrième fois qu’Armel Tripon passe la ligne de démarcation des deux hémisphères, très symbolique pour les marins « Je l’avais déjà coupé pendant la Mini-Transat en 2001, puis j’ai fait deux Transat Jacques Vabre où on le franchit aussi. La latitude la plus Sud où je suis allé à la voile est celle d’Itajai – c’est loin encore, c’est un grand pays le Brésil ! – mais c’est sympa de se préparer à attaquer des territoires inconnus. Jusqu’ici, dans l’Atlantique Nord on est encore dans le monde habituel des coureurs au large. Après c’est une autre histoire. Et moi, ça me plait d’aller explorer ces mers où je ne suis jamais allé : l’Indien, le Pacifique … »

 

Petits pépins sans gravité et pénalité

Des mots qui sonnent comme un rappel : le Vendée Globe est d’abord une grande aventure, pas seulement une compétition. Bien-sûr, sans cette avarie de hook au large du Portugal, Armel Tripon serait à une toute autre place au classement, probablement dans le groupe des dix premiers. Mais c’est du passé maintenant et Armel sait aussi que l’avarie aurait pu être beaucoup plus grave (comme pour Nicolas Troussel et Jérémie Beyou, entre autres). Il garde son optimisme intact et son envie d’aller de l’avant « en grignotant petit à petit tout ce que je peux ».

Depuis l’avarie, L’Occitane en Provence a regagné huit places, de la 32e à la 24e, et quatre autres paraissent éventuellement accessibles pour l’instant : celles des bateaux qui naviguent une centaine de milles dans le sud-est d’Armel.

 

Vivement que le vent adonne

« Pour le moment je suis au près, le bateau tape beaucoup et j’ai de petits soucis avec des infos de vent pas vraiment fiables. Je suis obligé de faire une gymnastique intellectuelle à chaque fois pour estimer une correction. C’est un petit bug informatique, rien de grave, mais je dois sans cesse vérifier si je suis sur l’angle optimal exact. En plus, les fichiers météo se trompent aujourd’hui d’au moins 20 degrés en direction du vent, donc ce n’est pas très simple à gérer ! Mais ça va, je taille ma route… en espérant que le vent adonne un peu (s’écarte de l’axe du bateau), sinon je vais taper dans le Brésil ça ferait mauvais genre (rires) ! »

Armel Tripon précise : « Je ne suis pas inquiet, parce qu’il y a encore 400 milles avant le Brésil mais il faut que le vent adonne de dix degrés comme prévu. J’aurais préféré passer à 80 ou 70 milles au large parce qu’il y a beaucoup de trafic et de plateformes près des côtes brésiliennes. En réalité je devrai peut-être m’approcher à 40 ou 50 milles de la terre. Normalement le vent doit ouvrir dans les 24 ou 36 heures à venir et on pourra allonger la foulée, accélérer un peu avant de négocier l’anticyclone de Sainte-Hélène ».

Accélérer dans des conditions enfin favorables aux nouveaux foilers, ce sera bienvenu avant de se préparer à affronter les mers inexplorées encore par le skipper de L’Occitane en Provence. Ceci dit les Quarantièmes rugissants sont encore loin quand on vient juste de passer la latitude 0 ° et d’ici-là, Armel Tripon devra s’acquitter d’une obligation un peu désagréable : une pénalité de 4 heures lui a été notifiée par le Jury du Vendée Globe. Motif : il avait déplombé son axe d’hélice en prévision de sa manœuvre de mise en sécurité au moment de l’avarie de hook, dans une mer grosse et 35 nœuds de vent. En réalité, Armel Tripon n’a pas utilisé le moteur car il avait finalement réussi, après plusieurs tentatives vaines, à virer de bord sous grand-voile seule grâce à une vague plus grosse que les autres. Mais le Jury a été implacable : 4 heures.

Ne pas s’étonner donc d’une trajectoire forcément un peu bizarre à venir au moment de son choix entre 2° et 8° sud. Le principe : Armel Tripon devra donner un point GPS à la direction de course et repasser par ce même point quatre heures plus tard. Ce n’est évidemment pas agréable, mais pas très grave non plus à ce moment d’un Vendée Globe qui ne fait que commencer : il reste environ deux mois de mer devant l’étrave !

« Je ne suis plus dans un tempo de terrien »

Il en faudrait beaucoup plus pour entamer le moral en béton armé d’Armel Tripon. « Bien sûr qu’un des objectifs est de remonter au classement. Mais pas n’importe comment, pas en faisant le chien fou. Le Vendée Globe est une course de très longue haleine où il faut être très patient. Je suis bien dans le rythme, bien sur l’eau, content d’aller vers des mers inconnues pour moi. Je ne sais plus trop quel jour on est, je ne suis plus dans un tempo de terrien. Et c’est sympa de se dire qu’on part pour un long moment, le bateau et moi. Pour écrire une belle histoire autour du monde.»

 

 

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