SINGAPOUR – SRI LANKA

Après 48 heure d’escale Nous quittons Singapour, ville état bien propre et entièrement sous contrôle vidéo,   pour notre prochaine destination le Sri Lanka. Le détroit de Malaca entre l’ Indonésie   et la Malaisie, long de 500 milles est jonché de détritus, nous slalomons entre bouteilles en plastiques, sacs, tronc d’arbre, bidons et toutes sortes de macro déchets . Triste spectacle, que cette eau sale et polluée sur laquelle les pêcheurs sont malgré tout nombreux . Le vent erratique sous ces latitudes proche de l’équateur, nous permet sous les orages de faire des pointes à 30 nœuds sous gennaker sur une mer plus plate qu’un lac. Nous avions pour consigne d’éviter la côte indonésienne, où maraudent semble t- il quelques pirates en mal de devises et marchandises en tout genre pouvant être revendues. Aussi quand au petit matin, n’ayant pu éviter la côte dangereuse, nous nous retrouvons sans vent,   poursuivi au moteur par une barque de pêche avec à son bord des hommes armés de mitraillettes nous hélant avec vigueur,  notre premier réflexe ingénu est de pousser le moteur à fond pour tenter de s’échapper, las nous ne sommes pas assez rapides et nos soi disant pêcheurs sont en fait des militaires qui nous enjoignent de regagner le large pour éviter une zone interdite à la navigation… ouf !
C’est justement au large que nous retrouverons du vent pour glisser vers le Sri Lanka. Les quarts à la barre sont magiques et j’ai du mal à laisser ma place. Le bateau est fantastique, il semble voler au dessus de l’eau à plus de 25 nœuds au reaching sous gennaker. Après deux jours grisant, nous finissons les dernières 24 heures au près dans 20/25 nœuds où le multi devient alors un véritable shaker. Le bateau tape dans la mer formée et tremble de toute sa carcasse, les vibrations engendrées par les flotteurs en carbone se répercutent jusque dans nos estomacs et à moins d’être sanglé sur sa bannette, dormir est quasi impossible. Le près dans la brise est toujours une lutte quelque soit le bateau. Une lutte pour rester vaillant et alerte, une lutte pour le faire avancer au mieux  sans casser. Côté casse , nous nous en sortons bien avec juste un axe de boitier de latte sectionné, qui sera remplacé illico avant de toucher terre par Jean Jacques et Quentin.
Quand la côte se dessine dans la nuit noire elle apporte  les effluves d’une terre gorgée d’eau qui  nous arrive par petites touches . Nous arrivons à Mirissa , minuscule port de pêche avec à peine de place pour notre albatros géant,un peu gauche dans ses manœuvres portuaires; Un unique ponton pour nous accueillir à été libéré, face à une plage bordée de palmiers, des pirogues à balancier au mouillage, la nature exubérante, des fruits frais à profusion, l’escale s’annonce plutôt agréable et  à des années lumières de Honk Kong et Singapour.

PS / nous étions en mer, au petit matin,l’info est tombée  brutalement ,comme  un cauchemar, nous apprenons cette tragédie, ce massacre à Paris. Je ne peux m’empêcher de penser, en tant que citoyen français que nous sommes tous responsables de cette barbarie. La France a construit son échec sociale toute seule, en laissant sur le bord de la route tout une partie de sa population. Depuis des décennies les ghettos se construisent, nous vivons chacun dans notre monde et les tensions sociales s’accélèrent, bien alimentés par les politiques de tous bords. C’est un véritable gâchis et je ne suis pas certain que la rhétorique belliqueuse employée par notre président aille dans le bon sens. On continue d’exclure, de creuser des fossés irréversibles, de répondre par la loi du thalion, au lieu de se remettre en question. Le chantier est immense, mais nos valeurs républicaines sous lesquelles on se réfugie devrait réveiller nos consciences. Quelle société voulons nous construire?

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