Le passage de St Pierre et Miquelon est dans le tableau arrière. Il n’a pas été favorable à « Black Pepper/Les Ptits doudous » qui a été pris dans une zone sans vent et a du céder son leadership. Mais l’équipage franco-allemand emmené par Armel Tripon est encore à la lutte pour le podium provisoire. Après trois jours à hautes vitesses, le vent est un peu plus calme et rien n’est joué car une zone de molle à 200 milles de l’arrivée devrait encore redistribuer les cartes.

 

La flotte des Class 40 est un peu plus de 600 milles dans l’ouest de l’Irlande ce lundi après-midi. C’est dire s’ils sont allés très, très vite pendant ces quatre derniers jours à surfer la grosse mer de l’Atlantique Nord ! « Elle est folle cette Transat » confirme Armel Tripon, le skipper de Black Pepper/Les Ptits doudous, ce lundi midi 18 juillet, on a eu droit à des surfs endiablés, une vitesse moyenne de 15 nœuds avec des pointes à plus de 22 nœuds, ça cavale ! »

 

Retour sur le passage de St Pierre et Miquelon.-

« Voilà quatre jours, on était contents de nous car on pouvait passer en tête à St Pierre, mais finalement nous avons eu droit à un gros coup de mistoufle en arrivant sur la pointe et on a perdu une heure dans une zone sans vent, une mer pourrie et du courant. Les autres bateaux de tête sont revenus sur nous et disons que nous avons été galants avec Isabelle (Joschke) qui avait une histoire là-bas (sur la Transat Anglaise c’est là qu’elle s’était réfugiée, son bateau ayant une voie d’eau, ndr) !

 

Bord à bord avec Generali

« Depuis, on ne se quitte plus avec Generali, elle est là sous notre vent, on ne la voit pas encore car la visibilité est réduite à mille mais on est quasiment bord à bord. Tales et Imerys ont pris de l’avance, mais on est toujours à la lutte pour le podium provisoire et tout va bien à bord, le moral est très bon. Nous sommes passés ce week-end tout près des glaces et par 52° Nord il a fait très, très froid… j’en suis à mon troisième bonnet ! On a hâte de retrouver des températures plus clémentes. »

 

Arrivée dès vendredi ?

 

Peu de casse à bord

Dans les surfs sauvages des trois derniers jours, il y a eu un petit peu de casse à bord du bateau, mais rien de grave. « On a cassé le stick de barre mais on l’a réparé. Notre antenne satellite ne marche plus mais on a un Iridium de secours qui nous permet de communiquer. Ah si… on n’a plus d’aérien (le capteur qui donne la vitesse et la direction du vent, ndr), donc on navigue à l’ancienne, au feeling, mais ça le fait très bien, pas de souci. »

 

Vers un regroupement à 200 milles de la ligne?

« Le vent est en train de mollir, à peine une vingtaine de nœuds. Devant, ils se sont échappés, mais un nouveau regroupement à l’entrée de la Manche est fort probable ! Les premiers pourraient bien buter dans une zone de vents faibles à 200 milles de l’arrivée, alors que nous en avons encore 1000 à parcourir. On verra bien qui en ressortira le mieux, mais la course est loin d’être terminée. Je pense que nous pourrions arriver à Saint Malo vendredi ou samedi. Cette course est d’une rare intensité. Un vrai bonheur pour les régatiers ! On est très motivés à bord car tout peut encore arriver. Là, nous avons renvoyé toute la toile, on est sous spi medium et grand voile haute…ça avance, c’est cool, même si c’est terminé les surfs endiablés. A bientôt ! »

« Black Pepper/Les Ptits doudous » a parfaitement négocié le Saint-Laurent. Avec trois autres bateaux, l’équipage emmené par Armel Tripon a réussi à prendre de l’avance sur le reste de la flotte pour sortir du fleuve et s’attaquer à la traversée de l’Atlantique proprement dite. Mieux, ce matin du 14 juillet, Black Pepper est en tête de la course !

 

Ils sont en tête ! Armel Tripon et l’équipage Franco-Allemand du Class 40 Black Pepper/Les Ptits doudous a réussi un coup de maître sur la dernière partie et la sortie du fleuve Saint-Laurent. Classés 5e voilà deux jours, ils ont d’abord « réussi à se barrer » comme dit Armel Tripon – à savoir prendre une douzaine de milles d’avance – puis intégrer le trio de tête avant de tout simplement prendre les commandes de la course ce matin du 14 juillet. Rien n’est fait évidemment, car trois autres bateaux sont très proches (Imerys, Solidaires en Peloton et Generali, que des favoris) mais quelle belle entame ! Le moins qu’on puisse dire est que l’équipage d’Armel Tripon est dans le bon wagon en filant vers Saint Pierre et Miquelon.

 

Armel Tripon raconte

 

La régate.- « Le Saint Laurent est derrière nous, nous y avons eu droit à trois jours de régate intense au contact, enchainant de très nombreuses manœuvres. C’était éprouvant en terme de concentration pour rester sans cesse rapides et bien réglés. Il fallait observer en permanence à la fois les autres concurrents et les risées sur le plan d’eau. Nous avons réussi à bien nous échapper avec un petit groupe et maintenant nous faisons route directe sur St Pierre et Miquelon. Nous avons très peu dormi… quelques heures volées par ci par là. Car il fallait être très vigilants pour éviter les zones sans vent, surtout qu’un simple décalage de quelques centaines de mètres suffisait à rester scotchés… ou à prendre la tangente ! »

 

L’équipage.- « L’équipage a vite trouvé ses marques et nos Allemands s’en sortent très bien, malgré le fait qu’ils aient très peu navigué cette année. L’entame était copieuse pour eux avec cette grande bataille de virements puis d’empannages. Mais tout va bien à bord, les manœuvres sont fluides… »

 

La carte postale.- « En entrant dans la baie de Gaspé c’était splendide, cette cote sauvage que nous avons longé sous spi dans un décor somptueux ! Accompagné de phoques et de baleines, nous glissions sous spi sans bruit, c’était magique. Le vent est un peu plus stable et nous avons une mer plate, une douzaine de nœuds de vent et du soleil, c’est très chouette. Nous serons vite à Saint Pierre maintenant et une autre course commencera alors à travers l’Atlantique… On verra bien si on reste groupés jusqu’à Saint-Malo. A bientôt ! »

 

 

En tête pour le 14 juillet !

En tête pour le 14 juillet !

 

Armel Tripon joue encore au petit photographe sur la Transat Québec-Saint Malo. Image du bord à la sortie du fleuve Saint Laurent. Et maintenant l’Atlantique !

Armel Tripon joue encore au petit photographe sur la Transat Québec-Saint Malo. Image du bord à la sortie du fleuve Saint Laurent. Et maintenant l’Atlantique !

C’est parti depuis 24 heures sur la Transat Quebec/St Malo pour « Black Pepper/Les Ptits doudous ». Un tout petit peu trop motivé sur la ligne, l’équipage Franco-Allemand emmené par Armel Tripon est bien revenu dans le match, après un rappel individuel. Il pointe en 5e position après 24 heures de course. Armel explique l’entame dans un message que voici :

 

« Bonjour à tous ! Après un rappel individuel pour avoir été un peu trop prompts sur la ligne de départ, nous nous sommes élancés bons derniers. Mais la bagarre de virement de bords dans le Saint Laurent est incroyable. On tire des bords incessants – j’en ai compté plus de cinquante dans les toutes premières heures de course – et ce sont des bords qui sont très courts : chacun dure entre 3 et 5 minutes maximum , le tout dans 20 nœuds de vent mollissant 15 nœuds. Nous sommes partis avec un ris dans la grand voile et sous trinquette et peu à peu, nous avons réussi à remonter beaucoup de bateaux pour revenir sur les trois bateaux de tête… quand la pétole (absence de vent) est arrivée. Les trois de tête nous ont de nouveau repris un peu de terrain, mais rien de grave. Là, il faut jouer les contre-courants dans la brume, on va parfois se cacher tout près de terre, dans très peu d’eau. Les prévisions météo se trompent évidemment…  ce serait trop facile sinon !  Avec la nuit, les codes zéro puis les spis sont montés, c’est de la régate au contact, à l’affut de la moindre risée. Une risée qui peut vous emmener d’un seul coup… avant de retomber. C’est le moment ou vos camarades de jeux des autres bateaux, ceux qui vous avaient regardé partir envieux quelques instants plus tôt, rigolent à leur tour de vous voir scotché à la piste. Tout va bien à bord. Entre deux changements de voile et le matossage qui va avec (déplacement des voiles et du matériel inutilisé pour équilibrer les poids dans le bateau), on a réussi à dormir une heure ou deux la première nuit… et c’est très encourageant avec le jour qui se lève de voir qu’il y a même des multicoques autour de nous ! A bientôt ! Armel»

Armel Tripon a pris ces deux photos à bord : son équipage à 8 minutes du départ…

Armel Tripon a pris ces deux photos à bord : son équipage à 8 minutes du départ…

 

... et le Saint Laurent dans la brume et la pétole, après des premières heures ventées.

… et le Saint Laurent dans la brume et la pétole, après des premières heures ventées.

Armel Tripon et l’équipage Franco-Allemand de « Black Pepper/Les Ptits doudous » comptent parmi les Class40 postulants à la Transat Québec-Saint Malo, qui s’élance dimanche de la belle province. A Québec, l’équipage est resté soudé après avoir regardé ensemble la demi-finale de l’Euro de foot… mais attention car la météo du départ s’annonce bien compliquée, comme l’explique Armel Tripon.

 

Armel, comment s’annonce la météo du départ de cette Québec-Saint Malo ?

 

« Ici c’est un peu l’hiver ! On a de la pluie, du ciel gris, il fait 15 degrés maximum. Et pour le départ disons que ça va être bien compliqué car nous serons dans un flux d’Est assez fort, entre 20 et 25 nœuds de vent. Or il faut remonter le Saint-Laurent, le vent est dans l’axe de la route donc nous allons commencer par une grosse séance de louvoyage dans le fleuve, qui est relativement étroit au début. »

Cela veut donc dire un début de course très technique ?

« Oui… il va falloir tirer des bords au contact. Et même si le coefficient de marée est relativement faible – il est de 60 – ça pousse quand même pas mal en courant. Donc il va falloir aller chercher les contre-courants, s’abriter derrière les îles, naviguer dans les endroits où le fleuve est moins profond etc… Le début de course est donc en effet très technique, on va enchainer un nombre incalculable de virements de bord ! Et pour corser le tout, la première nuit de course pourrait bien s’avérer délicate elle aussi !»

C’est à dire ?

« C’est de la micro météo à prendre avec des pincettes et il faut être prudent avec ça, mais il y a un risque que le vent tombe complètement dès la première nuit. Pendant 24 à 36 heures on pourrait bien se retrouver avec des vents quasiment inexistants, entre zéro et cinq nœuds… Il faudra être très vigilants sur la navigation et tenter de s’en sortir le mieux possible. »

Ce qui veut dire que ressortir du Saint Laurent dans le bon paquet de devant sera très important ?

« Bien sur c’est toujours mieux d’être devant, mais non… ce ne sera pas forcément une sanction sans appel. Voilà quatre ans cela n’avait pas été déterminant par exemple. Car suivant le timing où on est rattrapé par les petites dépressions, on peut très bien arriver à se refaire si toutefois on a du retard, car le phéomène météo venant alors de l’ouest, il peut permettre de recoller. »

Vous êtes dix-neuf Class40 au départ, votre ambition est le podium ?

« Nous n’avons aucune pression sur le résultat ! Il y a de très bons équipages entièrement professionnels en course, alors que nous, nous sommes deux pros et deux amateurs et nous organiserons d’ailleurs pour cela nos quarts en conséquence.. eux aussi seront franco-allemands ! Mais évidemment, on essaiera de faire de notre mieux et s’il y a une carte à jouer pour tenter de conquérir une belle place, on la jouera à fond, bien sur ! Quand on est un compétiteur, on part toujours pour être le mieux classés possible à l’arrivée.»

A ce propos, vous êtes deux Allemands et deux Français à bord. Pas de problème après la demi-finale de l’Euro de foot ?

« (Rires) Tout va bien à bord ! Nous avons regardé la demi-finale ensemble dans un pub de Québec qui était plutôt pro-équipe de France… mais ça va, nos collègues Allemands sont très fair-play et on est restés bons amis ! C’est mieux quand on part pour 13 ou 14 jours de mer ensemble, d’ailleurs ! »

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Le skipper nantais Armel Tripon va s’élancer dimanche 10 juillet, en équipage sur la célèbre Transat Québec-Saint Malo. Ce sera à bord du Class 40 « Black Pepper/Les Ptits doudous », du nom du chantier naval où Armel travaille et de celui d’une association qui oeuvre pour faciliter la vie des enfants hospitalisés. Entretien à cinq jours du départ.

 

Armel il y a donc le départ de Québec-Saint Malo dans cinq jours, mais vous venez aussi de faire briller les couleurs de Black Pepper en Grèce…

 

« Oui, à bord d’un Code Zéro nous avons gagné la Classic Regatta de Spetses, une petite île de la mer Egée, à côté d’Athènes, haut-lieu de la voile en Grèce. C’est super pour le chantier Black Pepper de pouvoir se montrer comme ça… on espère du coup intéresser les régatiers grecs, avec nos beaux bateaux. »

 

Changeons radicalement d’endroit sur la planète : dans cinq jours, c’est le départ de la Transat Québec Saint Malo et vous en serez…

 

« Oui, c’est un peu le grand écart : changement de température, changement de décor et changement de format de course… retour à la navigation océanique ! Je pars sur le Class40 Black Pepper/Les Ptits Doudous avec un équipage Franco-Allemand. Nous serons quatre à bord : les Alemands Burkhard Keese et Alexander Krause, le jeune trinitain Loïs Berrehar et moi. J’espère que ce ne sera pas trop tendu entre nous du fait de la demi finale de l’Euro de foot entre la France et l’Allemagne ! Ces jours-ci on ne se parle pas trop, mais d’ici dimanche, la deception des uns ou des autres sera évacuée (rires) !

 

Quel est votre objectif sportif sur cette Transat ?

 

“L’année dernière, nous avons gagné la Transat en Class40 avec sensiblement le même équipage, à un membre près. Là, le plateau est plus relevé avec une vingtaine de Class40, mais disons qu’on fera tout pour finir de nouveau sur le podium à Saint Malo, après 12 à 14 jours de mer…”

 

La grande particularité de cette transat est de commencer par une longue partie fluviale pour remonter le Saint Laurent…

 

“Oui, la course fait 3200 milles en tout, mais on attaque par 400 milles dans l’immense fleuve Saint Laurent. Les trois premiers jours de course sont très techniques : il faut savoir jouer avec les marques de parcours, les renverses de courant, les effets de site, les îles, faire attention aux animaux marins… C’est une vraie course côtière, souvent à vue avec les autres concurrents. Il y a du jeu, ça va être intéressant !”

 

Et la suite du parcours ? 

 

« La dernière porte est à St Pierre et Miquelon. Là, normalement on récupère les dépressions, souvent sous la pluie, avec un bon flux de sud-ouest bien chargé et c’est parti pour une traversée de l’atlantique Nord ! J’espère que celle-ci se fera au portant, que ce sera rapide, avant d’attaquer le dernier tronçon de la course, technique également, qui est l’atterrissage en Manche et l’arrivée à Saint-Malo. »

 

 

Vous repartez avec comme nom de course Black Pepper/Les Ptits doudous. Cela veut dire que le partenariat engagé sur la Transat anglaise continue ?

 

« C’est surtout que comme j’avais du abandonner aux Açores sur la Transat Anglaise, j’ai proposé cela à mes partenaires d’alors pour renvoyer l’ascenseur, ça me paraît loyal. Le propriétaire du bateau, Burkhard Keese, a gentiment accepté de laisser le marquage et de conserver le nom de course. Ceci dit, nous sommes vraiment courts en budget et j’espère que parmi ces partenaires quelques-uns accepteront de nous aider à nouveau pour cette course célèbre, qui bénéficie toujours d’un excellent retour médiatique. Il n’est pas trop tard ! »

 

 

 

C’est fait : depuis lundi soir 6 juin, Armel Tripon et Emmanuel Renault sont à bon port à Québec, après treize jours d’un convoyage difficile depuis les Açores. « Black Pepper/Les Ptits doudous par Moulin Roty » est maintenant à pied d’œuvre pour participer à la Transat Québec-Saint Malo, dans un mois.

 

Armel, le convoyage de « Black Pepper/Les Ptits doudous par Moulin Roty » aura donc duré treize jours au total. Et on a l’impression que la route a été exigeante…

 

“C’est certain qu’il n’était pas de tout repos, celui-là, on a bien mérité notre arrivée je pense! On a eu droit à du vent fort, de la mer et surtout on a eu bien froid, dans la brume et dans l’humidité en permanence. Ce n’était pas franchement une croisière tranquille, mais on est d’autant plus heureux d’être arrivés et d’avoir bien préservé le bateau. A part des bricoles sans gravité, il est intact.”

 

Comment s’est passée la remontée du Saint Laurent ?

 

“Compliqué, lui aussi ! Jusqu’au bout ! On a eu droit à une alternance de brise soutenue, d’absence de vent, de près, de portant… et pas mal de mer hachée dans ce fleuve immense qui est large comme La Manche au début. Nous avons eu un excellent moment samedi matin, où nous avons fait une halte à Rivière au Renard, un port de pêche à la pointe de la Gaspésie, pour refaire de l’eau et du gasoil. On y a reçu un super accueil, en pleine nuit, et on y a pris la meilleure douche chaude de notre vie, un vrai bonheur après tout ce froid à bord du bateau! »

 

Mais il restait alors 350 milles de fleuve pour arriver à Québec..

 

“Oui, on a mis une cinquantaine d’heures pour boucler la remontée. On a eu de la pétole au début et puis… 25 noeuds de vent sous spi, avec une mer hachée qui levait et dans laquelle on a fait des surfs superbes, à 22 noeuds ! Bon, un moment on est partis au lof et on a décidé d’affaler, tout de même. Il y avait un courant de folie contre nous, avec un gros coefficient de marée : parfois six noeuds de courant contraire ! Nous devions alors nous abriter en naviguant sur des haut-fonds, dans quatre mètres d’eau. C’était très instructif. Un excellent repérage dans la perspective de la Québec-Saint Malo ! On a eu notre épisode animalier aussi : nous avons vu plein de bélougas à Tadoussac, c’était assez rigolo.”

 

Ton programme maintenant ?

 

“Là on range le bateau, on répare une ou deux bricoles et on renter en France en fin de semaine. Je reviens dans trois semaines pour me replonger dans la course. Place maintenant à Québec-Saint Malo, qui va arriver vite… »

Une semaine déjà qu’Armel Tripon et son équipier Manu Renault sont repartis des Açores. En plein Atlantique Nord, tout va bien à bord, mais le convoyage est du genre très sportif, avec une mer inconfortable, rude pour le bateau et les deux hommes. Ils espèrent arriver à Québec dans moins d’une semaine.

 

Armel Tripon a donné des nouvelles du convoyage par téléphone satellite ce matin, après enfin une nuit plus calme qui succédait à trois jours de mer infernale. Le Class 40 Black Pepper les Petits doudous par Moulin Roty évoluait alors (à 9h heure française ce mardi) par 40°25 Nord et 52°35 Ouest, cap au Nord-Ouest, dans une douzaine de nœuds de vent de Sud-Ouest, ce qui avait permis de faire enfin quelques heures sous spinnaker.

A 450 milles de l’embouchure du fleuve Saint-Laurent qu’ils devraient atteindre d’ici trois jours et demi, ces moments de répit sont bienvenus car jusqu’ici le convoyage depuis Horta était tout sauf une sinécure ! Armel Tripon raconte : « après deux premiers jours assez tranquilles, nous avons eu droit à une belle dépression qui a levé rapidement une mer très hachée, très courte, inconfortable et casse-bateau. La têtière de la trinquette (une voile d’avant) a d’ailleurs cédé. Manu et moi n’avons que très peu dormi pendant cette période vraiment délicate. Notre objectif est avant tout de préserver le bateau, dans la perspective de Québec-Saint Malo, mais ça tapait vraiment très fort. Dans ces conditions, même quand il y a 20 nœuds de vent tu as l’impression d’être dans 30 nœuds, voire plus. C’était du reaching sauvage, avec des jets d’eau qui balayent le pont… croisiéristes s’abstenir ! »

A Québec dès lundi ?

« Nous sommes passés juste devant l’énorme dépression qui balaie l’Atlantique. Nous avons tout fait pour l’éviter et heureusement car elle est très creuse. Nous avons réussi à passer une douzaine d’heures avant elle et elle est désormais dans notre Est, sur notre droite. Nous allons devoir en négocier une autre dès ce soir mais rien de très méchant cette fois, peut-être 25 nœuds au maximum tout de même», précise Armel.

La bonne nouvelle donc, après une semaine de convoyage, est que les deux marins du bord peuvent enfin se reposer un peu, dormir et manger chaud, ce qui n’était évidemment pas le cas pendant les trois jours de mauvais temps. « On vous tiendra au courant, mais normalement nous devrions donc embouquer le Saint Laurent dans moins de quatre jours. Ensuite il reste 250 milles de fleuve à couvrir avant Québec, où nous devrions arriver dimanche soir ou lundi. Je vous raconterai… Nous avons appris aussi pour toutes les collisions avec des animaux marins qu’ont subi les concurrents de la Transat New York Vendée, qui sont en gros à la même latitude que nous, 500 milles par notre travers Ouest. Normalement nous sommes dans une zone moins peuplée de mammifères marins que la leur, mais on est bien sûr très vigilants là-dessus aussi ! Les jumelles sont de sortie sur le pont…» Prudence et patience, la Gaspésie n’est plus très loin !

« Black Pepper/Les Ptits doudous par Moulin Roty » est de nouveau en mer. Après son abandon sur avarie aux Açores dans la Transat Anglaise – suite à une tempête dantesque – Armel Tripon a repris la mer, bateau réparé. Avec son équipier Emmanuel Renault, ils devraient mettre une douzaine de jours à gagner la belle Province… où une autre course attend Armel d’ici quelques semaines. Nous l’avons interrogé quelques heures avant son départ d’Horta aujourd’hui, mardi 24 mai.

 

Armel, tout est prêt, tu repars en convoyage à bord de « Black Pepper/Les Ptits doudous par Moulin Roty » pour terminer la traversée de l’Atlantique ?

 

« Oui, c’est le moment de reprendre la route, nous avons fait l’avitaillement, étudié la météo, refait le plein de gasoil… Le bateau est réparé, on a de nouveau de l’énergie à bord, un capteur aérien, des voiles réparées. Bref, nous sommes prêts à affronter de nouveau l’Atlantique Nord !  A bord de « Black Pepper/Les Ptits doudous par Moulin Roty », nous repartons dans quelques heures, destination Québec. Nous sommes deux à bord pour ce long convoyage : je pars avec Manu Renault, un ancien des Glénans avec qui j’ai appris à naviguer à mes débuts. Nous sommes des amis de longue date, c’est un marin expérimenté et j’ai toute confiance en lui pour m’aider dans ce convoyage transatlantique.»

 

Tu évoquais la météo… à quoi vous attendez vous ?

 

« On part avec un vent de Nord, encore assez soutenu mais parfaitement gérable : environ 25 nœuds et trois mètres de vague. Cela va durer comme ça pendant 48 heures avant de mollir progressivement au fur et à mesure qu’on va entrer dans une dorsale anticyclonique et donc du vent faible, de l’ordre d’une dizaine de nœuds. En gros on a devant nous cinq ou six jours relativement faciles pour aller chercher l’embouchure du Saint Laurent. On va d’abord gagner dans l’Ouest puis remonter progressivement vers le Nord. Il y aura une dépression assez solide à négocier à l’embouchure du St Laurent dans cinq jours et il faudra être prudents. Au total, on devrait mettre entre dix et douze jours pour arriver à Québec. »

 

L’objectif c’est en fait le départ de la prochaine course ?

 

« Oui, en équipage – quatre à bord – nous allons participer à la Transat Québec-Saint Malo qui part le 10 juillet prochain. Il y aura une vingtaine de Class40 au départ et la bagarre devrait être passionnante. Je rentrerai quelques semaines en France entre la fin du convoyage et le départ de cette course.»

 

Pour finir, as-tu reçu beaucoup de soutien après ton abandon ?

 

« Oui, je voudrais d’ailleurs remercier du fond du cœur tous mes partenaires, qui ont tous très bien compris la situation. C’est toujours difficile à avaler ce genre de chose et absolument tous mes partenaires, sans exception, m’ont envoyé des messages de soutien vraiment sympas. Tous m’ont soutenu dans cette épreuve et cela m’a fait vraiment beaucoup de bien. Je pense, j’espère, qu’il y aura d’autres belles aventures à écrire ensemble ! »

 

The Transat

Armel Tripon jette l’éponge à Horta

Armel Tripon a signifié ce midi son abandon à Gilles Chiorri, le directeur decourse de la Transat Anglaise. Arrivé hier à Horta (Açores) après avoir subidiverses avaries, dont une panne d’énergie, pendant une tempête dantesque, le skipper du Class 40 « Black Pepper/Les ptits doudous par Moulin Roty » n’avait guère d’autre choix que jeter l’éponge.
« C’est évidemment une grande déception pour le sportif que je suis. C’est la première fois que j’abandonne une grande course et évidemment cela n’a rien d’agréable. Mais dans la tempête où je me trouvais, je n’avais pas d’autre choix que me mettre en fuite et opter pour cette solution de repli. Car ma priorité a toujours été de ramener le bateau. Ce joli Class40 très performant ne m’appartient pas et envers son propriétaire, j’ai le devoir de le protéger. Nous avons engagé les réparations dès mon arrivée hier à Horta, mais j’attends des pièces de rechange venant de France et je ne les recevrai au mieux que vendredi… Je suis un compétiteur et repartir en mode convoyage vers New York alors que les autres seront à plus de 1000 milles n’a pas d’intérêt. Même si ça me fait mal au cœur, j’ai donc pris ce midi la décision d’abandonner et l’ai annoncé à Gilles Chiorri, le Directeur de course de cette Transat anglaise. »
Messages de soutien
Armel Tripon soupire : « Comme on dit dans ces cas-là, cette fois la mer ne m’a pas laissé passer. C’était un projet monté très vite, mais avec de vraies chances de podium comme l’ont montré les premiers jours de course où j’étais à l’avant. C’est pour mes partenaires que je suis le plus déçu. Je veux leur rendre hommage et leur dire que j’espère bien trouver d’autres occasions de les représenter. Ce risque de la casse et de l’abandon existent dans tout sport mécanique et la course au large en particulier, cette fois ça tombe sur moi… il faut faire avec et passer le stade de la déception pour rebondir vite. Je ferai passer le bateau de l’autre côté de l’Atlantique un peu plus tard et nous allons participer en équipage à la Transat Québec-Saint Malo, avec une envie de vaincre décuplée. »
Armel Tripon poursuit : « j’ai reçu beaucoup de messages d’encouragement depuisvingt-quatre heures, et ça apporte un vrai réconfort. Merci à vous tous et merci à  ous mes partenaires de leur soutien dans cette course qui s’est transformée en une semaine d’aventure assez extrême. Il y en aura d’autres, avec un meilleur destin ! Enfin, « sans oublier tous les autres qui m’ont soutenu (1), j’aimerais dire un mot tout particulier pour mes deux partenaires principaux : Black Pepper, le chantier naval pour qui je travaille, et l’association Les Ptits Doudous par Moulin Roty (2) dont je porte les couleurs. Cette association géniale œuvre pour le bien-être des enfants à l’hôpital. Elle a inventé un jeu sur tablette tactile qui permet de réduire de 70% la prémédication avant une opération et de nombreux hôpitaux l’ont adopté. C’est eux qu’il faut soutenir ! »
(1) L’Occitane en Provence, Zetes, Agence MD, Paridis, Profil Grand Large, Goubault, Helly Hansen, Hyundai, Wichard, EffiNov Sport, Naoned, Squid, Gedimat.

Contact skipper :

Samedi 7 mai 2016 – 22h00
Communiqué de presse
Armel Tripon va faire escale aux Açores

« Black Pepper/Les ptits doudous par Moulin Roty » a subi diverses avaries dans l’énorme tempête qui balaie l’Atlantique depuis déjà vingt-quatre heures… à l’endroit même où paresse d’ordinaire le célèbre anticyclone des Açores. La plus importante est une panne d’énergie à bord. Armel Tripon n’a pas d’autre choix que se dérouter vers les Açores pour réparer. Il devrait arriver à Horta lundi.

« Je suis évidemment très déçu, mais les priorités ont changé et je n’ai pas d’autre choix que faire escale. Je n’ai plus de capteurs aériens, donc plus d’informations de vent et le solent (voile d’avant) est déchiré. J’ai surtout un gros problème d’énergie à bord qui m’empêche de recharger les batteries. Or traverser l’Atlantique sans pilote automatique et sans instruments en solitaire, c’est quasiment impossible et ce n’est plus du tout être en course. J’ai donc pris la décision de me dérouter vers les Açores. J’essaierai dès que possible de progresser vers Horta, où il y a plus de moyens techniques que sur les autres îles de l’archipel. » Voilà ce qu’explique Armel Tripon ce samedi à 20h, alors que« la mer est encore très forte, avec des creux de cinq mètres et des déferlantes qui balaient le pont. » Derrière sa voix calme au téléphone satellite, on entend les éléments en furie…

« Une mer comme ça, j’en ai déjà vu dans des films..»

En mode survie depuis vingt-quatre heures, le skipper nantais du Class40 Black Pepper/Les ptits doudous par Moulin Roty » a vécu une tempête dantesque depuis hier. Une mer si énorme qu’elle ne lui a pas laissé d’autre choix que se mettre en fuite vers le Sud, perpendiculairement à la route directe vers New York ! Dans ces conditions, on oublie la course, on préserve la sécurité tant que faire se peut.
Armel Tripon raconte : « Une mer comme ça, j’en avais déjà vu dans des films… mais en vrai, un truc comparable ne m’était arrivé qu’une seule fois et c’était il y a très longtemps ! C’est un très beau spectacle, magnifique à admirer, mais à bord c’est scabreux. Il y avait au moins sept mètres de creux et probablement cinquante nœuds de vent, encore que mes aériens s’étant arrachés de la tête de mât, c’est juste une estimation. C’est surtout l’état de la mer le problème : c’est pyramidal, dans tous les sens, déferlant tout blanc, complètement démonté. Dès que je suis un peu trop travers à la lame, le bateau se fait coucher. En gros, c’est la misère ! »
En bon marin, Armel Tripon a fait tout ce qui était en son pouvoir pour préserver le bateau, ce qui a joué aussi dans sa décision d’aller vers le Sud. « Le bateau ne m’appartient pas, et j’ai le contrat moral avec son propriétaire de le faire passer en bon état de l’autre côté de l’Atlantique. En allant vers le Sud, je devais normalement éviter le plus gros de cette dépression…»
Et maintenant ? Vers 20h ce samedi soir, « la mer est encore grosse et très dure mais cela va dans le bon sens car les creux le sont un petit peu moins et le vent adonne très légèrement. Cela me permet de donner enfin un peu d’angle, de mettre un petit peu d’Ouest dans ma route, ce qui n’était pas possible du tout depuis 24 heures. J’espère arriver à Horta lundi matin, j’ai 300 milles à faire – évidemment au près – pour ça. Je verrai alors si je peux réparer et éventuellement repartir. Pour l’instant, je pense que j’ai encore une demie-douzaine d’heures à tenir avant que la mer s’atténue pour pouvoir enfin faire une route efficace. Je déciderai de la suite une fois le bateau en sécurité à Horta.»

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Contact skipper :
06 09 97 20 18
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