Armel Tripon s’est hissé en pleine mer dans le mât de L’Occitane en Provence, à 15 mètres d’altitude (ancrage du J3), aujourd’hui vendredi 13 novembre. Il ainsi pu remettre en place une voile qui sécurise son gréement et évite à son mât de se tordre vers l’arrière. Opération périlleuse réussie : maintenant il peut de nouveau utiliser toute sa grand-voile et établir des voiles d’avant qui vont en tête de mât, autrement dit naviguer normalement. Il a envoyé le spi.

« Je viens d’aller faire un tour en altitude et je confirme que l’homme descend du singe ! La mer bougeait beaucoup, je me suis fait brinquebaler dans tous les sens pendant une heure : à 15 mètres de haut je m’accrochais comme un chimpanzé autour d’un arbre. Au point que je viens d’en redescendre complètement tétanisé, tous les muscles en vrac. Je n’ai pas trop de bobos j’avais mis des genouillères, des protections… Mais j’ai réussi, je viens de renvoyer toute ma grand-voile et le grand spi. Même si la réparation n’est pas tout à fait finie, je peux de nouveau naviguer normalement et ça, c’est une victoire. Je suis content !»

« La course continue ! »

Armel Tripon n’a jamais perdu le moral malgré l’avarie qui le prive de la bataille en tête de course, mais on le sent regonflé à bloc avec cette réparation réussie. Et tant pis s’il ne va pas recoller tout de suite à la tête de course, puisqu’ils ont maintenant un système météo d’écart. « Je m’attends à avoir peut-être 1000 milles de retard au Pot au Noir, car les bateaux de devant vont partir avec la fameuse dépression Theta, pendant que moi je vais peut-être mettre 24 heures à me sortir de la zone de vents faibles. Mais je le savais, c’est la dure loi du sport et quand je pense à Jérémie (Beyou, qui a fait demi-tour vers Les Sables-d’Olonne) je n’ai pas le droit de me plaindre. La route est très longue,  il y aura des opportunités… et la course continue, c’est l’essentiel ! »

Comprendre l’avarie et la réparation essentielle d’aujourd’hui

Pour bien comprendre l’opération, ce qui a été fait et pourquoi – ainsi que ce qu’il reste à faire dans l’idéal – voici le résumé des étapes successives de ce fait de course.

  1. L’avarie : le Hook (crochet) de J3 a cédé alors que les bateaux filaient vers un front, au large du Portugal. Cette voile dont l’étai joue un rôle structurel dans le gréement est tombée sur le pont. L’Occitane en Provence ne pouvait donc plus naviguer avec des voiles en tête de mât sans risquer de démâter !  Armel a fait demi-tour pour préserver le bateau puis il a envisagé de trouver un mouillage en Espagne pour y tenter une réparation.
  2. Le même jour, et après réflexion, une solution de réparation en mer a été choisie ! Armel a alors repris son cap sur la route du Vendée Globe, par prudence, sous voilure réduite et donc à vitesse relativement faible pour ne pas risquer de démâter dans une rafale, ou un départ en survitesse. Privé de ce « J3 », le mât peut partir en arrière à tout moment… Stressant !
  3. Première ascension au mât réussie ! C’est l’étape très importante d’aujourd’hui, vendredi 13 novembre. Armel Tripon est parvenu à établir de nouveau une voile qui retient à présent le mât du bateau en l’empêchant de partir vers l’arrière (ce qui était la fonction du J3 cassé). Armel peut de nouveau naviguer normalement et renvoyer de la voile jusqu’en tête de mât. Et c’est ce qu’il fait immédiatement : grand-voile haute et grand spi pour s’extraire d’une zone de vents faibles (8 nœuds de vent sur zone au moment de la réparation aujourd’hui).

 

  • – Hook de J3 cassé –
Actuellement, il a encore 2 mètres de houle, Armel attend une accalmie pour pouvoir monter au mât, vite réparer et repartir au plus vite.
En attendant, il parle à ses foils…
« Mes foils font la gueule, je le vois bien, ils me regardent de travers… Chômage partiel ! Avec pour seule indemnité, l’horizon à contempler. Ce n’est pas rien en même temps de profiter de chaque moment, chaque souffle, sentir que l’on vit, que quelque part devant soi, il y a la beauté du monde. Ne soyez pas si tristes, vous aurez bientôt la tête sous l’eau, la reprise est pour bientôt ! Mais non ce n’est pas une quarantaine, je vous sais en pleine forme, prêts à glisser dans l’eau, épouser chaque onde, caresser la mer et nous faire voler. Vous êtes mon tapis volant comme j’aurais aimé vous inventer, je me console en partageant le voyage avec vous, être votre compagnon de route et vous encourager à donner le meilleur me convient, notre complicité est unanime ! Soyez patients… « 

Après avoir évalué toutes les solutions techniques possibles pour remplacer le hook de J3 avec l’équipe technique de L’OCCITANE en Provence, Armel reprend sa route en ayant sécurisé son mât, il profitera ultérieurement d’une accalmie pour procéder à la réparation en mer.

 

Armel à bord de L’OCCITANE en Provence à rencontré dans la nuit de mardi à mercredi 11 novembre des problèmes techniques avec le hook de J3 (voile d’avant). Compte tenu des conditions météo sur zone avec un passage de front actif qui génère du vent fort et une mer très formée, Armel n’est pas en mesure de monter dans le mat pour réparer dans des conditions de sécurité suffisantes. Il se détourne actuellement vers l’Espagne, point le plus proche, afin de se mettre à l’abri pour réparer. Il devrait y arriver dans la journée de jeudi.

 

Plus d’informations à venir….

Un sacré casse-tête météorologique pour nos 33 skippers sur ce début de Vendée Globe. Après une nuit assez calme, Armel en à profiter pour se reposer et préparer le bateau à ce passage de front imminent. Pour lui, la stratégie est d’aller chercher ce coup de vent (35 nœuds établis avec 45 nœuds en rafales avec 4 à 5 mètres) dans l’Ouest, et de le passer en milieu de nuit pour pouvoir rapidement glisser. Les systèmes météo sont assez complexes car une nouvelle dépression s’annonce dans le Sud des Açores…

 

Le jour tant préparé est arrivé : cette fois le Vendée Globe est parti ! Après une belle émotion à l’arrivée au ponton, puis dans le chenal des Sables-d’Olonne où L’Occitane en Provence s’engageait le premier ce matin, Armel Tripon a lancé son bateau noir et jaune vers le grand large, sous le soleil. C’était à 14h20 aujourd’hui dimanche 8 novembre 2020. Après un départ prudent, L’Occitane en Provence filait à plus de 18 nœuds une heure après le coup de canon. En avant pour la grande aventure !

 

 

C’est fait : Armel Tripon est parti autour du monde ! Le premier, avec même quelques instants d’avance, il est arrivé sur le ponton à l’aube naissante, a salué une dernière fois famille et amis– une  belle séquence émotion ! – et, applaudi par les préparateurs des autres concurrents Armel est monté à bord de L’Occitane en Provence pour remonter le chenal des Sables-d’Olonne. Un grand moment… et même un petit peu de public et de banderoles pour encourager les skippers.

Après la brume un départ prudent : la route est longue

Il a fallu patienter ensuite car une brume tenace s’était installée en baie des Sables-d’Olonne et une course ne peut pas être lancée lorsque l’on ne voit pas l’intégralité de la ligne de départ. Prévu à 13h02, le départ n’a finalement pu être donné qu’à 14h20, après plusieurs procédures de retard successives, de 20 minutes chacune. Il y avait bien du vent de sud-est, un peu moins que prévu, mais le soleil était enfin de la partie pour de superbes images.

Armel Tripon a pris un départ prudent. La route est très, très longue (aux environs de 70 à 80 jours selon les conditions et autant de nuits seul en mer) et il n’était pas question de risquer un départ anticipé, la pénalité étant lourde : 5 heures. C’est ce qu’explique ce soir Vincent Barnaud, le boat captain de L’Occitane en Provence : « l’objectif principal c’était de ne pas risquer de collision avec un autre bateau et de ne pas voler le départ. C’est fait, encore une case de cochée, mais celle-ci est une très grande case. Cette fois on y est, Armel est parti pour le Vendée Globe ! »

« A 18 nœuds une heure après le départ, le bateau commençait à voler. Tout va bien ! »

Deux semi-rigides de l’équipe ont accompagné L’Occitane en Provence une heure après le départ environ et tout va très bien à bord, comme le raconte encore Vincent Barnaud : «  quand on l’a laissé pour rentrer au port, Armel filait à 18-20 nœuds (le vent avait donc un peu forci) et le bateau commençait à voler, il portait le J0 + le J3 (deux voiles d’avant, une grande et une petite, ndlr) en plus la grand voile haute… Et ça filait bien ! Le vent était plus stable qu’au moment du départ »

Le moral du skipper ? Concentré et zen. « Ce matin juste avant le départ je l’ai trouvé à la fois détendu et déjà dans sa course » témoigne son coach et préparateur mental, Ronan Lafaix. « Hier soir il était bien aussi : nous avons mangé un excellent bar grillé ensemble et il s’est couché de bonne heure, il a fait une bonne nuit. Honnêtement, il n’y a qu’hier matin (samedi) qu’il a eu une petite montée de stress, bien normale et vite réglée après discussion. Il a fait une très bonne séance de relaxation et de yoga encore ce matin. Il est bien. »

Il est « bien » et il est parti autour du monde. Avec devant lui une première petite dépression à négocier et surtout un positionnement stratégique à faire pour préparer la deuxième, plus virulente, prévue dans la nuit de mardi à mercredi. Pour le moment – dimanche à 16h20 soit deux heures après le départ – toute la flotte fait route vers l’ouest. Avec en son sein un marin en train de réaliser son grand rêve… qu’il a promis de partager avec nous.

 

 

L’Occitane en Provence aura l’honneur d’être le premier bateau à remonter le chenal des Sables-d’Olonne pour le grand départ du Vendée Globe. A son bord, Armel Tripon aura évidemment en tête les grandes lignes d’une météo qui s’annonce exceptionnelle pour le départ… mais plus complexe par la suite avec trois dépressions successives et pas d’alizés établis. Armel analyse la situation.

Mer plate, départ au vent de travers, grand soleil et vent modéré : les conditions s’annoncent parfaites pour le top départ autour du monde, dimanche 8 novembre aux Sables-d’Olonne. Armel Tripon et les 32 autres concurrents partiront directement vers le large, sans parcours en baie. Il y aura du spectacle et probablement un net avantage aux foilers de dernière génération. Mais ensuite, les choses se corsent avec la succession de trois dépressions, la plus virulente intervenant dans la nuit de mardi à mercredi.

Cinq questions météo et stratégie à Armel Tripon

Quelle est la météo pour le départ, dimanche à 13h02 ?

« Je pense qu’on va vers un des plus beaux départs de toutes les éditions du Vendée Globe ! Ce sera sous le soleil, la mer sera plate, avec environ 15 nœuds de vent de sud-est. Les bateaux vont voler, ce sera magnifique ! Nous serons à 110 ou 120 degrés du vent et les nouveaux bateaux comme L’Occitane en Provence devraient filer à des vitesses comprises entre 20 et 22 nœuds peut-être. Je pense que ça va être splendide, il ne faut pas rater les directs à la télévision ou sur Internet ! »

Mais ensuite, le temps se gâte ? 

« Oui le vent va forcir un peu et nous irons chercher un premier front dans la nuit de dimanche à lundi dans le golfe de Gascogne. Là, on aura un vent soutenu de 20 à 25 nœuds avec potentiellement des rafales au passage du front qui peuvent monter à 30 nœuds. Il y aura deux ou trois mètres de creux, mais ce premier front ne sera pas très méchant. La deuxième dépression sera plus virulente. Côté stratégie, il faudra savoir estimer quelle dose de nord ou de sud chacun met dans son cap vers l’ouest. L’enjeu est de se positionner pour franchir la deuxième dépression de mardi, le deuxième front, parce que celui-là est plus costaud »

Une deuxième dépression qui sera déjà un gros test, alors ?

« Oui, ce deuxième front à négocier dans la nuit de mardi à mercredi est plus virulent, et en effet ce sera déjà un test : il y aura un bon 30 nœuds de vent moyen et des rafales à 40, voire 45 nœuds (80 km/h). Pour le coup-là tu peux avoir quatre mètres de creux. Potentiellement, ces conditions peuvent entraîner des avaries, un peu de casse. Il faudra savoir gérer, bien placer le curseur entre la performance et le respect de l’intégrité du bateau.  Il est fort possible d’avoir à lever le pied. Dans ces conditions-là tu peux continuer à aller très vite si tu veux… mais en as-tu envie si c’est au risque de casser quelque chose ? Tu peux toujours foncer à 25 nœuds, mais à cette vitesse-là dans 3 mètres de mer tu peux aussi tout exploser. Il faudra doser et être malin.

Et après le passage de cette deuxième dépression, la flotte est tirée d’affaire ?

« Et bien non, pas vraiment ! Car des rejetons de dépressions se sont creusés et cassent l’alizé.  Il n’y a pas l’alizé qui nous permettrait de glisser vers le Cap Vert, comme c’est souvent le cas. A la place, on va avoir un passage au près, pas très confortable, avec le bateau qui tape. C’est un début de Vendée Globe assez complexe, pas linéaire du tout. Il n’y a rien d’écrit et il faudra être très vigilant sur la météo pour l’actualiser en permanence. C’est loin d’être une situation simple. »

Quelle sera ta stratégie dans ces conditions ?

« Si je peux choisir, je prendrais bien la payante ! (rires). Je ne vais évidemment pas la dévoiler ici et de toutes façons il faudra la réactualiser en permanence avec des données météo fraîches. Au moins je ne risque pas de m’ennuyer : il va y avoir du boulot et du rythme !  Il faut surtout bien avoir en tête que la route est très longue et que le Vendée Globe ne fera que commencer. »

Armel Tripon est confiné dans une maison des Sables-d’Olonne. Voici comment il occupe sa dernière semaine avant le départ autour du monde en solitaire.

Le confinement obligatoire d’Armel Tripon et des 32 autres skippers du Vendée Globe 2020, une semaine avant le départ va commencer. Il était prévu depuis longtemps par le règlement de la course. Pour Armel Tripon il a même débuté, volontairement, quelques jours plus tôt. « J’ai fait ce choix de me confiner avant que ce soit obligatoire, pour ne prendre aucun risque » explique le skipper de L’Occitane en Provence.

Isolé avec son coach
Armel Tripon est donc à l’isolement dans une maison du quartier de La Chaume, aux Sables-d’Olonne. Il n’est cependant pas seul dans la maison. Ils y vivent isolés à deux, avec son coach et préparateur mental : Ronan Lafaix : « Ce choix fait partie de la stratégie globale de ma course. J’ai choisi de me confiner avec Ronan, mon coach, pour bien préparer cette compétition et aller au bout d’un travail que nous avons commencé il y a plusieurs mois. Travailler une course telle que le Vendée Globe se fait de manière sérieuse et rigoureuse et je crois que tout seul j’aurais eu du mal à garder cette discipline. Ronan est là pour me challenger sans arrêt et me poser les bonnes questions. Nous partageons les mêmes convictions. La performance est pour nous une éthique singulière, un chemin spirituel sur lequel il s’agit de trouver son équilibre intérieur comme sa propre vérité sans jamais oublier de jouer ni d’avancer. Maintenant on reste à la maison et la vie s’organise, sans contact avec l’extérieur ».

Yoga, méditation, météo, repos…
Concrètement, les repas sont livrés à la maison et une journée type s’organise autour du sport, de la préparation météo et de séances de yoga et de méditation qui permettent de se concentrer, par exemple en visualisant des manœuvres, des phases de course : « Beaucoup de rituels le matin avec du yoga, puis de la méditation qui permettent de garder ce calme, cette sérénité. C’est une philosophie de vie qui se prête très bien à la compétition et au sport de haut niveau. Cela permet de se détacher des évènements ou des choses qui peuvent vous arriver avant et pendant la course. L’idée c’est de partir sur cette course en étant le plus léger possible avec le meilleur état d’esprit. Faire en sorte que cette course autour du globe soit un jeu de bout en bout. Si j’arrive à garder cet état d’esprit il y aura des belles choses. On imagine aussi toutes sortes de situations qui peuvent arriver en course et comment y répondre. La méditation m’aide à rester zen », explique Armel.

Après le yoga et la préparation mentale, la journée se poursuit par l’étude de la météo sur l’ordinateur. Armel charge des fichiers météo puis fait tourner de nombreux routages (simulations) sur des portions du parcours. Essentiel pour garder le contact avec l’outil de travail, étudier les grands systèmes météo du moment et réviser tout ce qui peut se présenter de ce point de vue sur le parcours du tour du monde. Vient l’heure du déjeuner puis une sieste « car il faut emmagasiner le maximum de repos, partir reposé et détendu. Une vertu de ce confinement c’est aussi de pouvoir engendrer beaucoup de sommeil ». C’est préférable en effet puisque pendant la course, le sommeil ce ne sera que par tranches de 20 minutes.

Météo, sieste… puis place au sport ! La maison dans laquelle Armel Tripon est confiné dispose d’un petit jardin et d’une terrasse où le skipper de L’Occitane en Provence fait du sport chaque jour (haltères, élastiques, abdos, gainage, cardio, pompes, etc.). La soirée est consacrée à appeler la famille et les proches, parfois à visionner un film ou une série, ou à lire « Je lis la vie de Kobe Bryant, très intéressant de voir tout ce qu’il mettait en place pour gagner ! J’ai aussi découvert et regarde la série Dix pour Cent, c’est drôle et j’adore Camille Cottin. Et j’écoute chaque jour la douce voix de Marie Richeux sur France culture. Son émission « Par les temps qui courent », m’apporte beaucoup, j’adore ses interviews ».

Ce confinement ne pèse pas sur les épaules du skipper : « Je reste zen. Pour moi ça ne change pas énormément car j’ai l’habitude de toujours préparer mes courses au calme, isolé dans ma bulle. » Bien conscient qu’il faudra « partager une belle histoire avec tous ceux qui restent à terre et offrir une bulle d’évasion dans cette période pas simple », Armel Tripon avance tranquillement vers l’objectif : être au départ du Vendée Globe dans une semaine, le dimanche 8 novembre à 13h02. Ce sera déjà une grande victoire d’y être, mais le travail ne fera que commencer. Ce sera à lui de jouer, seul. « Il y aura moins de charge émotionnelle que si la foule avait été au départ, mais la compétition au large, elle, sera la même. »

Toute la flotte du Vendée Globe est maintenant aux Sables d’Olonne où le village départ ouvre aujourd’hui samedi 17 octobre. C’est déjà une victoire et un grand moment pour le skipper nantais Armel Tripon. Il résume son émotion et explique son programme pour les trois semaines à venir avant le grand départ autour du monde, le 8 novembre prochain.

Tous les marins disent qu’être au départ du Vendée Globe est déjà une victoire en soi…
Parce que c’est vrai ! Etre ici aux Sables-d’Olonne, c’est l’aboutissement d’un projet de deux ans, c’est le fruit du travail de toute une équipe, c’est la concrétisation de tous les efforts produits pour en arriver là. Et au-delà, c’est un rêve vieux de 15 ans pour moi qui se réalise : être au départ du Vendée Globe, ce n’est pas rien !

On ressent une vraie émotion à arriver ici, dans le port du Vendée Globe, a fortiori quand on va participer pour la première fois à L’Everest des mers ?
C’est déjà un grand moment ! On a fait une partie du convoyage à côté de Charal et nous sommes entrés dans le chenal bord à bord avec Jérémie (Beyou)… Quand tu es marin, entrer ici avec un 60 pieds pour prendre le départ du Vendée Globe, c’est un moment très symbolique, très fort. On va partir faire le tour du monde… On est là, il fait beau, L’Occitane en Provence est super bien placé en début de ponton, tout va bien !

Quel est ton programme pour les trois semaines d’ici le départ ?
Sur le bateau, toute l’équipe est là pour régler les derniers détails. Tous les gros dossiers sont évidemment bouclés comme les pilotes, les voiles, l’énergie, l’informatique etc. On est prêts. Il reste juste des petites choses à peaufiner qui ont leur importance : par exemple finaliser l’avitaillement, qui est déjà fait à 80%, installer et régler les toiles de matossage, des choses comme ça. On a utilisé intelligemment notre temps depuis le dernier chantier en priorisant tout ce qui est très important et là on a parfaitement le temps de fignoler les détails.

Ok pour le bateau… et pour toi ?
Le public, le village, la presse, du sport, du repos, de l’analyse météo… je fais un peu de tout ça. Aujourd’hui, c’est l’ouverture du village. La semaine prochaine, j’ai des rendez-vous avec des journalistes tous les jours. Visiblement ça intéresse du monde le Vendée Globe ! En ces temps de crise sanitaire, je pense qu’on offre une fenêtre sur le large, un bol d’air, l’occasion de s’évader et de sortir d’un quotidien qui peut être un peu morose. La course apporte un peu d’iode, un parfum d’aventure. J’ai aussi des séances dédicaces sur le stand de mon partenaire L’Occitane en Provence. On va vivre ensemble notre premier Vendée Globe, c’est une belle aventure commune !

Et à part la presse, c’est sport et repos ?
Je fais du sport, du yoga, de la relaxation, je marche, je cours, je vais chez le kiné… et il ne faut pas que j’oublie de me détendre un peu aussi ! On a quand même eu un programme très chargé entre la remise à l’eau du bateau, la qualification, le Défi Azimut, etc. Or il faut aussi prendre le temps de recharger les batteries : bien manger, bien dormir… engranger du repos au maximum. Et travailler à la fois le corps et l’esprit pour se vider la tête, par exemple en faisant du sport. Je vais beaucoup courir, j’aime ça.

Il est évidemment beaucoup trop tôt pour regarder la météo ?
Oui et non. Oui parce que le départ est encore trop lointain pour la prévision. Mais non parce que je travaille tous les jours différents scenarios possibles en faisant tourner des routages sur l’ensemble du parcours. C’est aussi de la pratique pour rester en contact avec l’outil, parce que trois semaines c’est court et c’est long à la fois, il faut entretenir mes automatismes.

Le départ va arriver vite maintenant…
Oui ! Je suis impatient de vivre ça. Je suis un peu comme un lion en cage. Je suis en manque de course, j’ai envie de partir !

L’Occitane en Provence est présent pendant toute la durée du village sur un espace de 100 m2 (allée du Frère Maximin – sous la tyrolienne). Une séance de dédicaces sont prévues avec Armel Tripon dans cet espace :
– Samedi 24 octobre de 10H30 à 12h00

Pour le skipper Armel Tripon et l’architecte naval Samuel Manuard le Défi Azimut aura permis de valider que L’Occitane en Provence est conforme à son concept : avoir une hauteur de vol mesurée afin d’éviter les atterrissages brusques qui lui feraient perdre élan et vitesse. Le bateau construit par Black Pepper aura ainsi démontré au cours de ces derniers jours qu’il était capable de vitesses moyennes élevées ! ce constat est très encourageant et motivant à moins de deux mois du Vendée Globe…

Armel Tripon, skipper de L’Occitane en Provence : « Nous avons montré de très belles choses »
« Ce Défi Azimut a été positif. Ces quelques jours à se confronter aux autres nouveaux IMOCA sous différentes allures et forces de vent, sont une première et étaient nécessaires pour progresser . Ce choix volontaire de voler moins haut que les autres a démontré son efficacité : moins d’écart entre nos vitesses basses et nos vitesses hautes et un bateau assez facile à mener. Cette course permet de se mettre dans une bonne dynamique avant le Vendée Globe ne serait-ce que pour reprendre des réflexes de placement, de trajectoires. C’était un rendez-vous à ne pas rater! Dès demain, retour aux entraînements pour fiabiliser, naviguer dans la brise et éprouver le matériel ».

Samuel Manuard, architecte de L’Occitane en Provence : « Nous sommes dans le match, c’est une vraie satisfaction »
« Ce que j’ai vu des comportements de notre bateau au cours de ce Défi Azimut m’a beaucoup plus ! Jusqu’ici nous avions travaillé à partir de nos sensations sur le comportement du bateau, ainsi que de l’analyse numérique des performances, mais ‘’ c’est super important de se confronter aux autres en vrai, sur l’eau’’. En vitesse pure, nous savons maintenant que nous sommes vraiment dans le match et nous l’avons été à chaque exercice du Défi Azimut. Il faut évidemment relativiser tout cela, car ce n’étaient pas les conditions du Vendée Globe ; cependant et par comparaison avec la concurrence c’est vraiment très encourageant ! L’idée de L’Occitane en Provence, c’est d’être efficace ; c’est d’avoir des vitesses basses toujours élevées et de retomber de nos foils le moins souvent possible. C’est le même principe que sur l’autoroute en voiture : si tu t’arrêtes pour acheter des sandwiches, ça tue la moyenne (rires) ! Et il ne faut pas oublier que les grosses variations de vitesse c’est du stress mécanique, mais c’est aussi du stress mental pour le skipper. L’idée était de lisser la vitesse, je pense que c’est réussi et cela nous conforte dans nos choix. Le Vendée Globe ne se jouera pas sur les petits coups de mistoufle qu’il y a eu sur ce Défi Azimut. Ce que je retiens c’est que nous sommes bien dans le match par rapport aux autres bateaux neufs, et ça c’est une vraie satisfaction ! »